Mobilisation victorieuse contre un débat transphobe à McGill

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La semaine passée, le SÉTUE appelait à se joindre à la mobilisation initiée par Queer McGill contre un débat transphobe organisé par le Centre des droits de la personne et du pluralisme juridique de l’université, dans une collaboration avec l’Alliance LGB. Comme le rappelle le collectif, « le T de LGBTQ2S est indissociable du reste de la communauté et la tenue d’un débat qui suggère que le soi-disant groupe des droits de la personne et du pluralisme juridique de l’Université McGill prolifère une rhétorique néfaste contre la communauté trans. » Pourtant, ce fameux centre dit avoir pour objectif de « reconnaître l’impact des idées sur le monde et l’impact du monde sur les idées, nous nous efforçons de connecter les personnes, idées et communautés [1] ». L’événement, annulé à la dernière minute grâce à la mobilisation, a été effacé du site de l’université. Un·e de nos délégué·e·s s’est rendu·e sur place et vous raconte ici comment s’est tenu ce rassemblement.

10 janvier 2022. 12h40.

Une foule est attroupée devant la salle 16 du Chancellor Day Hall de l’Université McGill. Le bâtiment est bien rempli, il est difficile de voir ce qui s’y passe mais la colère, elle, s’entend. Pourquoi ? Parce que le Centre sur les droits de la personne et le pluralisme juridique (CHRLP) de McGill a décidé d’organiser un débat autour du sexe et de l’identité de genre animé par Robert Wintemute, qui est membre de l’Alliance LGB, une organisation connue pour ses positions transphobes. Selon le site internet du CHRLP, l’évènement vise à se questionner sur le rôle de la législation concernant la facilitation du changement de mention de genre au niveau de l’état civil pour les personnes transgenres. Ceci est inquiétant dans ce contexte de multiplication de politiques anti-trans (aux États-Unis notamment). Qu’en est-il donc de la sécurité et du bien-être des étudiant·e·s trans* de McGill et d’ailleurs alors que chaque année les violences transphobes entrainent toujours plus de décès au sein de la communauté à l’échelle mondiale ?

Comme l’a dit Mona Greenbaum, directrice de la Coalition des familles LGBT+ : « There’s no ceiling on rights [2]. » L’existence des personnes trans* et leurs droits ne devraient pas faire débat. Ainsi, une manifestation a été organisée afin de s’opposer à la tenue d’une discussion transphobe dans le cadre universitaire menant à la légitimation de propos et actes discriminatoires, autant au sein du campus qu’en dehors. Finalement, une vingtaine de minutes après le début des protestations, les panellistes sont sorti·e·s de la salle et le débat a été annulé. Wintemute, pour qui les femmes (entendons cisgenres) se sentiraient intimidées par les activistes trans*, pense qu’on ne peut plus avoir de débat sans que cela soit catégorisé de discours haineux. Notons que cette rhétorique d’entrave à la liberté d’expression est régulièrement employée par les TERFs [3] et autres mouvances de droite, ce qui ne fait que faciliter la circulation d’idées de plus en plus violentes envers les groupes marginalisés.

Bien que la discussion ait été interrompue, cet épisode met en évidence à quel point la transphobie est socialement considérée comme acceptable aujourd’hui encore en 2023, même au sein de la communauté 2SLGBTQIA+.


[1] Traduction depuis l’anglais : « Recognizing the impact of ideas on the world and the impact of the world on ideas, we strive to connect people, ideas and communities »

Source : https://www.mcgill.ca/humanrights/aboutus.

[2] Traduction littérale : « Pas de plafond aux droits. »

Source : https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/mcgill-backlash-anti-trans-talk-1.6708251.

[3] Trans Exclusionary Radical Feminists.

Pour en savoir plus : ContraPoints – Gender Critical (sous-titré en français).

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