OTTAWA, le 28 avr. /CNW Telbec/ – L’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) demande instamment au gouvernement Harper de prendre les mesures nécessaires pour prévenir les accidents et les décès liés au travail. Un rapport accablant du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) révèle, en effet, que le gouvernement a failli à sa tâche dans ce domaine.
Selon le CCPA, l’administration fédérale ne finance pas adéquatement le programme d’inspection et n’embauche pas suffisamment d’inspecteurs, ce qui met en péril la sécurité des travailleuses et travailleurs fédéraux. Pourtant, le gouvernement doit protéger ses employés, y compris ceux qui travaillent pour des sociétés d’État (Postes Canada, par exemple), des entreprises de camionnage ou des compagnies de transport aérien.
Au cours des cinq dernières années, le taux d’accidents du travail invalidants dans les lieux de travail sous compétence fédérale a augmenté de 5 %, alors que les provinces ont réussi à abaisser ce taux d’environ 25 % au cours de la même période.
À la même époque, Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) a réduit le nombre d’agentes et agents des affaires du travail (AAT), ces personnes qui inspectent les lieux de travail du secteur fédéral. Leur nombre est passé de 140 en 2006 à 125 en 2007. Comme le souligne le CCPA dans son rapport Le succès n’est pas le fruit du hasard, cela signifie que 125 AAT sont chargés de protéger plus d’un million de travailleuses et travailleurs.
Le personnel de Postes Canada est particulièrement à risque, puisque l’employeur bloque systématiquement les efforts des AAT. Signalons aussi que RHDCC a enjoint aux AAT de ne pas effectuer d’inspections dans les réserves autochtones.
“Le gouvernement fédéral abdique ses responsabilités en matière de santé et sécurité au travail”, affirme John Gordon, président national de l’AFPC. “Aujourd’hui, nous nous souvenons des travailleuses et travailleurs blessés ou décédés au travail. Ce rapport fait la preuve que le gel des dépenses et les réductions des effectifs imposés dans le budget 2010 feront plus de tort que de bien.”
L’étude du CCPA corrobore en fait les propres enquêtes de l’AFPC, selon lesquelles RHDCC consacre plus d’efforts à empêcher les travailleurs d’exercer un droit fondamental – refuser d’exécuter un travail dangereux – qu’à faire respecter les règlements en matière de santé et sécurité dans les lieux de travail.
Le CCPA recommande notamment au gouvernement d’embaucher davantage d’AAT et de les rémunérer adéquatement. Au fédéral, les AAT sont les moins bien payés parmi les inspecteurs de la sécurité; le recrutement et le maintien en poste s’avèrent donc particulièrement difficiles.
Selon l’AFPC, l’abolition de postes d’AAT s’inscrit dans une tendance lourde au gouvernement fédéral : passer de la réglementation par l’État à la réglementation par le secteur privé.
“Rappelez-vous de la crise de la listériose”, explique Patty Ducharme, vice-présidente exécutive nationale de l’AFPC. “22 personnes sont mortes après avoir mangé de la viande contaminée. Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas suffisamment d’inspecteurs de viandes. Alors, combien faudra-t-il de tragédies avant que le gouvernement ne réagisse?”
L’AFPC exige que le gouvernement fédéral prenne les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de son personnel. Pour ce faire, il doit s’engager à embaucher de nouveaux AAT à réduire de 20 % le taux d’accidents du travail d’ici cinq ans.
“Si les provinces ont pu le faire, pourquoi le fédéral n’en serait-il pas capable?”, se demande le président Gordon.
L’étude Le succès n’est pas le fruit du hasard se trouve au www.policyalternatives.ca.