Décidée à faire monter la pression sur Quebecor à l’occasion du 400e jour de lock-out au Journal de Montréal, la présidente de la CSN a annoncé vendredi qu’elle a rencontré le ministre du Travail pour lui demander de « rééquilibrer le rapport de force » en se penchant sur les lacunes de la loi anti-briseurs de grève.
« On ne me fera pas croire que depuis 400 jours, une entreprise peut produire un journal de 100, 110 pages avec une petite poignée de cadres. C’est prendre l’opinion publique pour des couleuvres ! », a déclaré Claudette Carbonneau lors d’une conférence de presse.
Rappelons que Quebecor continue de publier son quotidien chaque jour depuis qu’il a jeté ses travailleurs sur le trottoir en utilisant les textes et des photos produits par les employés de ses autres filiales. Ce recours au travail à distance fait dire à la présidente Claudette Carbonneau que certaines dispositions de la loi adoptée en 1977 sont « rendues presque inopérantes ».
Mme Carbonneau a rencontré le ministre Sam Hamad en compagnie de Raynald Leblanc, président du syndicat des lock-outés, pour l’inciter à agir dans ce dossier.
« On a trouvé un ministre attentif, qui nous apparaissait humain et sensible. (…) On lui a demandé de regarder de très proche les moyens dont il dispose pour rééquilibrer le rapport de force », dit-elle.
Y compris un amendement à la loi?
« Rien n’est exclu », dit la présidente, qui attend une réponse du ministre dans les prochains jours.
Les lacunes de la loi anti-briseurs de grève font d’ailleurs l’objet d’échanges entre la CSN et les autres organisations syndicales, qui suivent de près ce qui se passe dans le conflit au Journal de Montréal. La FTQ, par exemple, a fait face au même problème lors du lock-out déclenché par Quebecor au Journal de Québec.
La présidente de la CSN a par ailleurs annoncé le lancement d’une grande campagne pour faire pression sur Quebecor et son grand patron, Pierre Karl Péladeau, afin qu’il fasse cesser « ce drame humain qui affecte 253 familles ».
Une grande campagne de publicité sera enclenchée la semaine prochaine et une pétition dénonçant le refus de négocier de l’employeur circulera partout au Québec avant d’être déposée à l’Assemblée nationale.
La centrale organisera aussi une tournée des élus municipaux afin que les municipalités où est distribué le quotidien adoptent des résolutions enjoignant à l’employeur de revenir à la table de négociation.
Présent aux côtés de Mme Carbonneau, le président du STIJM, Raynald Leblanc, a rappelé que le syndicat avait fait quatre tentatives pour ramener l’employeur à la table. La plus récente proposition syndicale était de choisir un « médiateur spécial », une personnalité publique avec une réputation solide qui aurait pu trouver des pistes de rapprochement entre les parties. Quebecor n’était pas intéressée.
Claudette Carbonneau s’est finalement réjouie que le président de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia, ait accepté de rencontrer le syndicat, rencontre qu’elle juge significative, car « disons que ça n’arrive pas tous les jours ».
Rappelons que la Caisse est propriétaire à 44,5 % de Quebecor Media. Mme Carbonneau siège au conseil d’administration de la Caisse, mais elle n’a pas été en mesure de donner des détails sur les discussions au sein du CA, étant liée par son devoir de réserve, comme tous les membres de conseils d’administration.
Consultez l’article intégral de Vincent Larouche de l’édition du 26 février 2010 de Rue Frontenac.