Politique 16 et critiques envers le BIPH.

Auteur :

Catherine Provencher, responsable à la coordination

La refonte de la Politique 16 contre le harcèlement sexuel a débuté en 2014, soit 3 ans avant que la ministre Hélène David dépose à l’Assemblée nationale son projet de loi #151 visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur. Un Comité institutionnel a été mis sur pied en 2016 afin de réviser la Politique, et ce dans le but d’élargir son champ d’action, en incluant toutes formes de violence à caractère sexuel.

Au bout de plusieurs années de discussions, le Comité institutionnel avait décidé d’inclure le sexisme dans le champ d’action de la Politique 16, considérant que la discrimination basée sur le sexe devait impérativement être combattue à l’UQAM. Toutefois, ceci pourrait changer puisque le Comité institutionnel a été dissous pour être remplacé par un Comité permanent, dont les membres ont été nommés par le CA de l’UQAM et dans lequel la proportion  de dirigeants, de surcroît de sexe masculin, a augmenté, ce qui est contre-intuitif considérant que la Politique 16 doit d’abord et avant tout protéger les étudiant·e·s et les employé·e·s qui font souvent face à des problèmes causés par des personnes en situation de pouvoir. De plus, la confidentialité du processus de nomination des nouvelles personnes siégeant à ce Comité est à l’inverse des pratiques établies par les associations et les syndicats de l’UQAM, qui se réclament d’une plus grande collégialité. Dans un article publié en décembre 2018 dans Actualités UQAM, toute mention au sexisme dans la nouvelle mouture de la Politique 16 est disparue, ceci expliquant évidemment cela. L’ancien Comité institutionnel étant relégué au titre de « Comité aviseur », les décisions qui ont été prises par celui-ci pourraient éventuellement être remises en question, annulant ainsi trois ans de travaux, et ce malgré le fait que la mouture de la Politique 16 qu’il avait proposée ait déjà passé l’étape de la consultation.  

Les critiques envers l’administration de l’UQAM concernant sa gestion des cas de harcèlement à caractère sexuel ne s’arrêtent pas là. Cet automne en effet, une campagne non revendiquée d’affichage dans les rues de Montréal, dénonçant les méthodes contestées du Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement (BIPH), a reçu un accueil plutôt favorable de la part de plusieurs acteurices du milieu étudiant et professoral. Des slogans tels que: « Sortir en pleurs du bureau de prévention du harcèlement, c’est aussi ça l’effet UQAM »; « Le bureau de prévention du harcèlement, là où on vous dira qu’on ne peut rien pour vous » ou encore: « Les violences sexuelles font des dégâts, le bureau de prévention du harcèlement aussi » étaient apposés sur des affiches reprenant le style de la campagne de publicité de l’UQAM. Le mot-clic #pourquoijaipasdénoncé était présent sur toutes les affiches. L’UQAM s’est empressée de dénoncer cette campagne comme étant frauduleuse et a annoncé vouloir intenter des poursuites criminelles contre le groupe féministe anonyme responsable de cette campagne. Une lettre ouverte signée par plusieurs associations, syndicats et regroupements a dénoncé cet appel à la vengeance et mis l’accent sur le fait que l’UQAM devrait plutôt se mettre à l’écoute de la critique afin d’améliorer les services offerts aux étudiant-e-s qui dénoncent leurs agresseurs.  

Les critiques envers le BIPH et sa gestion des plaintes sont récurrentes. En 2016, le Comité féministe non mixte du SÉTUE faisait signer une pétition pour le retour d’une intervenante qualifiée dans les cas de harcèlement à caractère sexuel, puisque le contrat de l’ancienne intervenante, Audrey Lemay, n’avait pas été renouvelé sous prétexte que son approche était trop « féministe ». Cette intervenante avait été engagée à la suite du tristement célèbre Stickergate, cette action d’affichage d’autocollants sur les portes de professeurs associés à des inconduites sexuelles, que l’UQAM s’était empressée de condamner autant que les étudiant-e-s qui réclamaient ainsi justice. Business as usual, comme on dit.  Le dépôt du rapport ESSIMU en janvier 2017, dont une des recommandations est d’offrir une ressource indépendante ainsi que l’adoption de la loi 151 au provincial, fera en sorte que l’UQAM, sortant de sa torpeur, conclut une entente avec le CALACS Trêve pour Elles afin d’offrir les services d’une intervenante qualifiée. Encore faut-il que cette ressource soit donnée en référence aux personnes qui décident de faire un dévoilement ce qui, selon l’expérience de membres du SÉTUE, n’est pas toujours le cas lorsqu’une personne se présente au BIPH. D’ailleurs, le SÉTUE dirige dorénavant directement tou·te·s ses membres vers Trêves pour Elles, organisme dont l’approche et les interventions correspondent davantage aux valeurs et pratiques du syndicat. Nous considérons que les slogans inscrits sur les fameuses affiches, dénonçant les limites des services offerts par l’UQAM, décrivent la réalité de celles et de ceux qui osent consulter ou porter plainte au BIPH.

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