GATINEAU – Une vidéo controversée mise en ligne sur le site YouTube par les employés du Musée canadien des civilisations (MCC), en grève depuis 81 jours, met la direction du musée sur la défensive et rend encore plus urgent, selon le syndicat, un règlement dans ce conflit de travail.
La vidéo montre des sous-traitants à l’entretien du Musée canadien de la guerre – sous la même direction que le MCC – nettoyer des artéfacts et des œuvres d’art à mains nues, et même avec un balai de paille, ce qui est tout à fait contre-indiqué, confirme la porte-parole du musée, Chantal Schryer.
« Ces gens-là étaient responsables de l’entretien général avant le début du conflit, indique Daniel Poulin, président de la section locale 70396 de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC). On parle du balai, des planchers, de l’aspirateur, mais pas des artéfacts. Leur entretien est habituellement fait par une équipe de professionnels, mais celle-ci est actuellement en grève. Il y a une façon de faire les choses. Oui, il y a nos emplois, mais nous sommes aussi inquiets pour les artéfacts. Il y a un risque important pour la conservation de notre patrimoine. »
La direction du musée a évidemment été embarrassée par ces images. Toutefois, Mme Schryer indique que ça n’a rien à voir avec la grève. Les sous-traitants pris sur le vif n’étaient tout simplement pas autorisés à faire cet entretien.
« Nous avons des directives très claires et il évident que ce qu’on voit sur la vidéo n’est pas la façon dont ce genre d’entretien doit être fait, explique la porte-parole. C’est une erreur et c’est désolant que ce soit arrivé. Nous avons réitéré nos directives à la compagnie responsable de l’entretien. »
À nouveau l’impasse
Quant aux négociations, c’est l’impasse depuis le refus massif de la dernière offre patronale à la fin de novembre. La partie syndicale réclame un règlement en arbitrage, alors que l’employeur continue de privilégier la voie de la négociation.
Après avoir affirmé, il y a deux semaines, être prête à nommer un arbitre pour régler le conflit de travail qui oppose les 420 employés du MCC à leur employeur, la ministre fédérale du Travail, Rona Ambrose, a changé son fusil d’épaule cette semaine. Elle juge maintenant, au grand dam des syndiqués, que cette avenue n’est plus une option.
« Il s’agit d’une grève légale décidée par le syndicat, a rappelé Mme Ambrose. La dernière offre patronale a été rejetée massivement par le syndicat, mais de toute évidence, l’arbitrage n’est pas une option parce que nous avons besoin des deux parties pour arriver à cela. Nous continuons d’exhorter les deux parties à revenir à la table dès que possible. »
Pour le président du syndicat, il est clair que ce changement d’attitude de la ministre du Travail est dû à la volonté affirmée du syndicat de régler le dossier devant un arbitre. « La ministre ne s’attendait pas à ce que nous le demandions tout de suite », estime M. Poulin.
Même si sa dernière offre a été rejeté à 96 %, la partie patronale continuer de privilégier la voix de la négociation pour en arriver à un règlement. « Nous avons négocié de bonne foi depuis le début, nous avons bougé sur plusieurs grands enjeux importants pour le syndicat et nous sommes convaincus d’être près d’une entente, mais il faut retourner à la table des négociations », indique Mme Schryer.
La version du syndicat est cependant toute autre. M. Poulin affirme que la dernière offre n’était rien de plus qu’une « insulte totale » faite aux membres et que c’est la partie patronale qui refuse de retourner à la table des négociations. « Nous, on est en mode attente, précise-t-il. On reste solidaires et on le sera jusqu’à ce qu’il y ait un règlement. »
Mme Schryer mentionne que la partie patronale a fait des concessions sur des questions salariales, sur la sécurité d’emploi et sur le recours à la sous-traitance. « On a même offert la création de sept nouveaux postes de guides et d’animateurs, précise la porte-parole. Nous demandons aux employés de regarder à nouveau notre offre. Nous sommes prêts à retourner à la table, à retravailler notre offre, mais le syndicat doit aussi bouger à son tour. Ce que nous voulons, c’est le retour au travail de nos collègues le plus vite possible. »
Consultez l’article intégral de Mathieu Bélanger de l’édition du 10 décembre 2009 de Rue Frontenac.