Par le Comité sur les enjeux de la diversité sexuelle et de genre du SÉTUE
Le Comité sur les enjeux de la diversité sexuelle et de genre du SÉTUE salue la décision de l’UQAM de permettre aux étudiant·e·s qui le désirent d’ajouter un prénom usuel (choisi) à leur dossier étudiant. Ces démarches, rendues possibles le 12 novembre dernier, pourront être officialisées à partir du 4 janvier 2019, avec l’émission d’une nouvelle carte étudiante. Consultez le site web de l’UQAM pour avoir toutes les informations.
Cependant, l’UQAM a spécifié que le code permanent UQAM ainsi que celui du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) demeureront inchangés. Or, ces codes sont problématiques pour trois raisons. D’abord, ils indiquent par un chiffre la mention de genre de l’étudiant·e : par exemple, le code permanent ajoute 50 au mois de naissance de la personne étudiante si son genre assigné à la naissance est féminin. Deuxièmement, le code permanent figure sur la carte étudiante : le genre assigné à l’étudiant·e est donc présent sur la carte indépendamment du prénom affiché. Troisièmement, le prénom assigné à la naissance ne disparaît pas complètement à cause du code permanent, qui commence par les trois premières lettres du nom de famille puis la première lettre du prénom assigné à la naissance. En ce sens, si le changement de prénom usuel n’est pas accompagné d’une modification du code permanent, le prénom modifié peut ne pas concorder avec l’initiale contenue dans le code permanent.
Cette situation risque de maintenir les étudiant·e·s trans et non binaires qui effectueront leur changement de prénom dans une situation absurde : le changement du prénom sur la carte étudiante, censé appuyer l’affirmation du genre de l’étudiant·e, peut mener à un coming out forcé et davantage de visibilité.
Du point de vue de l’emploi, il semble opportun de rappeler ici qu’il n’est pas rare de se voir refuser un emploi parce qu’on est trans ou non binaire et que la recherche d’emploi est souvent une expérience difficile. Face à la précarité, les étudiant·e·s de la diversité de genre sont souvent contraint·e·s à accepter des conditions de travail inéquitables, dans lesquelles leur droit à l’autodétermination n’est pas respecté. Parmi les discriminations courantes figurent, entre autres, l’obligation d’expliquer et d’instruire l’employeur·se à propos de la diversité de genre, le refus de l’employeur·se d’utiliser les bons prénom et pronom (mégenrage) et la divulgation répétée du genre assigné à la naissance auprès de l’employeur·se et des collègues (être outé·e).
Puisque le changement de prénom usuel étudiant ne change pas automatiquement les informations inscrites dans toutes les bases de données de l’université, les étudiant·e·s employé·e·s trans et non binaires de l’UQAM ne pourront pas jouir de leur prénom usuel au même titre que les autres. Ceci constitue un réel problème et compromet les effets positifs des mesures entamées par l’UQAM. Un changement de prénom usuel cohérent et harmonisé doit mener à davantage de mesures qui s’étendent aux banques de données des Ressources Humaines, entre autres.
En outre, l’UQAM a indiqué que « seul le dossier étudiant permet l’ajout d’un “prénom choisi” ». Il ne sera donc pas possible, pour le personnel de l’UQAM de se prévaloir de cette mesure, du moins pour l’instant.
Si « Mon prénom, mon choix » ne bénéficie pas encore adéquatement à l’ensemble de la communauté uqamienne, le Comité sur la diversité sexuelle et de genre du Sétue voit cependant cette mesure d’un bon oeil, puisqu’elle constitue un premier pas vers le changement des procédures en matière d’identification personnelle.
Pour joindre le Comité sur les enjeux de la diversité sexuelle et de genre du SÉTUE, écrivez-nous à : dsg.setue@gmail.com