Lettre d’opinion : “Des propos inacceptables, une révolte légitime”

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Le 18 novembre 2007

Des propos inacceptables, une révolte légitime

L’éditorial de Mme Marie-Andrée Chouinard (édition des samedi 17 et dimanche 18 novembre) concernant le mouvement étudiant m’a choquée. Mais c’est la chronique de Mme Denise Bombardier, dont l’étalage de mépris envers les « jeunes » m’a fait trembler de rage, qui m’a convaincue d’écrire cette lettre. Comment peut-on permettre la publication d’un tel ramassis de préjugés haineux et blessants ?!

Parce qu’il y a des choses plus importantes à dire, je ne commenterai pas davantage ces propos honteux, sauf pour souligner qu’ils ne constituent que la caricature grossière du dédain condescendant avec lequel les médias « couvrent » le mouvement étudiant. On a par exemple frémi devant cet article du Devoir qui qualifiait la très belle initiative de l’Université populaire à Montréal d’université « populiste » et ce, sans aucune justification. Une petite promenade dans les murs de l’UPAM aurait montré aux journalistes (et à la population, si ceux-ci avaient fait leur travail) que les revendications étudiantes sont soutenues par un argumentaire intelligent et articulé.

Par ailleurs, il faudrait rappeler le caractère bel et bien révoltant du contexte actuel, quoiqu’en pense Mme Chouinard (qui ne s’abaisse pas pour sa part à traiter les « jeunes d’aujourd’hui » comme une masse informe et répugnante d’êtres dégénérés). Si cinq facultés de l’UQAM étaient en grève cette semaine, ce n’est pas seulement pour dénoncer une hausse inacceptable des frais de scolarité (rappelons que si elle est aujourd’hui de 50$, cette hausse représentera bientôt 500$ par session) ; ce n’est pas seulement pour réclamer la gratuité scolaire et un réinvestissement massif en éducation ; ce qui a réuni ces associations étudiantes uqamiennes, c’est également la crise particulière que subit présentement l’UQAM.

Est-il vraiment nécessaire de souligner le caractère parfaitement scandaleux de cette situation ? L’administration de l’UQAM, qui est responsable d’une dérive financière de l’ordre de 300 millions de dollars, veut – sans les consulter et sans la moindre transparence – imposer aux étudiants et aux employés de l’université un plan de redressement qui aura un impact direct majeur sur leur situation financière (déjà précaire en ce qui concerne la plupart des étudiants), sur la qualité de leur éducation et sur leurs conditions de travail. Et ce, alors que les étudiants et les employés avaient dénoncé les risques liés aux projets immobiliers pilotés par l’administration.

Or, c’est cette même administration (avec deux ou trois têtes en moins) qui reproche aujourd’hui aux étudiants de faire perdre de l’argent à l’UQAM avec leur « boycottage des cours » ; c’est cette même administration qui traite les étudiants non seulement avec hauteur et mépris, mais aussi comme des criminels multirécidivistes en faisant intervenir de façon pour le moins musclée la police dans ses murs. Et cela aussi, c’est scandaleux.

Nous refusons le fatalisme devant ce qui est finalement une question politique, et nous tentons simplement de construire un rapport de force pour avoir notre mot à dire dans des décisions qui nous concernent brutalement. Notre futur recteur M. Claude Corbo, en bon politologue, devrait comprendre cela. Nos actions ne sont dangereuses pour personne. Et notre révolte est légitime.

Anne Plourde
Étudiante employée et étudiante au doctorat en science politique Université du Québec à Montréal

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