La proposition d’un groupe de 16 personnalités, – dont Lucien Bouchard, Monique Jérôme-Forget et Joseph Facal – , de dégeler les droits de scolarité dans les universités québécoises à compter de 2012 a fait réagir les associations étudiantes de la province mardi. Ces associations ont unanimement rejeté la possibilité de voir le gouvernement demander aux étudiants une plus grande contribution financière.
«Certes, le sous-financement de nos universités est un problème, a indiqué le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Jean Grégoire. Mais avant qu’on puise davantage dans les poches des étudiants, il faut faire le ménage dans la gestion des universités.» L’ancien premier ministre Lucien Bouchard a cependant estimé qu’une revue des modes de gestion des universités ne pouvait pas résoudre leurs problèmes de financement.
«On doit revoir la qualité de la gestion, mais ça reste minime par rapport au niveau d’investissement qui est requis», a-t-il affirmé.
Accessibilité
Les associations étudiantes ont également dit craindre que l’accessibilité aux études supérieures soit compromise par la hausse des droits de scolarité. «Déplafonner les frais de scolarité amènera une baisse des inscriptions et bloquera l’accès à l’université aux jeunes de la classe moyenne inférieure», a estimé le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Xavier Lefebvre- Boucher.
La proposition des signataires du pacte de forcer les universités à investir 30 % de leurs revenus supplémentaires, soit un total d’environ 170 M$, dans les programmes de bourses n’a pas su rassurer le président de la FECQ.
Un manque à gagner
«Croire que seulement 170 M$ investis dans le programme de prêts et bourses réglera le problème [de l’accessibilité], c’est avoir une très piètre connaissance du programme», a commenté M. Lefebvre-Boucher, qui a rappelé que le Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études évaluait à 100 M$ le manque à gagner du programme de prêts et bourses.
L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a pour sa part dit craindre une américanisation du système universitaire québécoise advenant l’application du pacte présenté mardi.
«On veut hausser les frais de scolarité jusqu’à 10 000 $ alors qu’il y a déjà un trou dans les prêts et bourses, a critiqué le coordonnateur général de l’ASSÉ, Christian Pépin. Ce que ces gens proposent, c’est un modèle universitaire à l’américaine qui va nous faire revenir pratiquement 50 ans en arrière.»
Consultez l’article intégral de Jennifer Guthrie de l’édition du 23 février 2010 du Métro.