OTTAWA, le 6 mai /CNW Telbec/ – La Coalition spéciale pour l’égalité des femmes et les droits de la personne a dénoncé aujourd’hui, dans une conférence de presse, les compressions sans précédent effectuées par le gouvernement Harper à l’égard des regroupements de femmes, par l’intermédiaire du programme de Condition féminine Canada. Des représentantes des trois partis d’opposition, également responsables du dossier de la condition féminine, Anita Neville, Irene Mathyssen et Nicole Demers, ont assisté à la conférence de presse dans un élan de solidarité envers celles et ceux qui dénoncent les attaques lancées contre les principes de l’équité entre les sexes. Depuis le début de l’année, un nombre record d’organismes, auparavant admissibles au financement accordé par Condition féminine Canada (CFC), ont vu leur demande de fonds rejetée pour la première fois.
Ces dernières semaines, les organismes suivants ont essuyé un refus de CFC : la Coalition pour l’équité salariale du Nouveau-Brunswick, le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT), l’Ontario Association of Interval and Transition Houses (OAITH), l’Institut canadien de recherches sur les femmes (ICREF), le Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec, le Centre pour les droits à l’égalité au logement et Action travail des femmes.
CFC a rejeté les demandes de financement de plusieurs autres organismes importants au cours des dernières années, notamment l’Institut canadien de recherches sur les femmes (ICREF), Womenspace, l’Association canadienne pour la promotion des services de garde à l’enfance (ACPSGE), l’Alberta Network of Immigration Women, le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine et l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS).
“Ces compressions effectuées dans les fonds accordés aux regroupements féministes se consacrant à la défense des droits des femmes porteront un coup dur à l’égalité des femmes partout au pays. Ce faisant, le gouvernement Harper affaiblit fortement les organismes les plus susceptibles de s’opposer à ses attaques à l’encontre des droits liés à la procréation, de l’équité salariale, des services de garde à l’enfance et des autres droits de la personne”, a indiqué Jennifer Beaman du CIAFT.
Le Canada a toujours travaillé à atténuer les inégalités entre les sexes en accordant du financement à ces organismes et à bien d’autres encore. On prévoit donc que le rejet des demandes de financement des regroupements susmentionnés contribuera à faire glisser le Canada encore plus bas au classement mondial en matière d’équité entre les sexes. Les compressions suivent la publication de rapports internationaux indiquant que le fossé entre les sexes s’est creusé de manière importante au Canada, au cours des cinq dernières années. En 2004, le pays occupait le septième rang au classement du Forum économique mondial en matière d’équité entre les sexes, pour ensuite dégringoler au 25e rang en 2009.
Bon nombre des organismes touchés par les compressions actuelles existent depuis des décennies et ont joué un grand rôle dans la défense et la promotion de l’égalité des femmes partout au pays. En effectuant ces compressions, CFC défie directement les directives de l’ONU ordonnant la résolution, de toute urgence, des problèmes en matière d’équité entre les sexes par le respect des obligations internationales du Canada en regard des droits de la personne ainsi que des dispositions des traités qu’il a signés.
“L’ONU exige du Canada qu’il intervienne de toute urgence pour mettre fin aux violations des droits des femmes perpétrées au pays. Les compressions actuelles réduiront sa capacité à respecter ses obligations internationales en matière de droits de la personne. Le refus de financer les fournisseurs de services laisse les femmes les plus vulnérables du pays sans refuge sécuritaire, et le rejet des demandes de financement des organismes à la défense des politiques et des droits des femmes laisse les femmes en crise sans voix démocratique avec laquelle elles pourraient appeler à l’aide”, soutient Kate McInturff, de l’Alliance féministe pour l’action internationale du Canada.
Bien que les regroupements de femmes soient les plus directement affectés par la situation, la Coalition spéciale pour l’égalité des femmes et les droits de la personne a précisé que les compressions s’inscrivent dans un mouvement plus important à l’encontre des principes mêmes de la démocratie. La semaine dernière, l’Agence canadienne de développement international (ACDI) a annoncé son intention de ne pas reconduire le financement accordé au Centre international MATCH, seul organisme financé par l’ACDI dont le mandat consiste précisément à venir en aide aux femmes. Le Centre international MATCH exerce ses activités au Canada depuis 34 ans.
“Le gouvernement actuel tente de faire taire toutes les voix dissidentes du pays, et tout particulièrement celles des organismes qui se consacrent à la promotion et à la défense des droits de la personne”, a affirmé Patty Ducharme de l’Alliance de la Fonction publique du Canada. “Depuis le début de l’année, il a mis la clé dans la porte des bureaux de la Commission des droits de la personne, a congédié des fonctionnaires hautement qualifiés pour avoir critiqué leur politiques et a rejeté les demandes de financement des organismes de défense des droits de la personne et de développement se consacrant à des questions comme les droits liés à la procréation et l’accès des femmes à la contraception et à l’avortement”.
Les récentes compressions dans le financement de CFC s’ajoutent à la longue liste des compressions du gouvernement Harper effectuées dans les fonds accordés à la défense des droits des femmes. On se souvient qu’en 2006, le gouvernement a fermé 12 des 16 bureaux de CFC au pays, éliminé le Programme de contestation judiciaire et abandonné une entente de financement de services universels de garde à l’enfance.