Comme vous le savez probablement déjà, l’administration de l’UQAM et le MELS ont signé, le 5 décembre dernier, une entente « qui permettra à l’UQAM d’encaisser l’aide financière promise par Québec de 465 M$ ». La ministre du Sport, des Loisirs et (accessoirement) de l’Éducation Michèle Courchesne avait promis à l’été 2007 de tenir la communauté de l’UQAM indemne des conséquences financières du fiasco de l’Îlot Voyageur. Par cette entente remplie d’entourloupes, elle désire maintenant nous donner l’apparence de tenir sa promesse.
Cette entente signée par l’administration et le MELS prévoit une réserve financière de 200 M$ pour couvrir les frais reliés à l’Îlot Voyageur, 180 M$ pour le parachèvement du complexe des sciences et 85 M$ pour les subventions conditionnelles retenues jusqu’à maintenant. En apparence, il y a lieu de se réjouir… Malheureusement, comme les apparences sont fréquemment trompeuses, nous croyons que la méfiance est de mise.
Premièrement, ce que l’UQAM ne vous dit pas, ce sont les conditions qui ont été rattachées à cette entente. L’UQAM par un coup de force administratif, comme elle en est devenue l’experte, nous a vendu aux conseils de énièmes firmes externes de consultation. En effet, « l’Université s’engage à : atteindre l’équilibre budgétaire sur un horizon se terminant au plus tard en 2013-2014 [et] soumettre à la ministre avant le 31 mai 2009 un plan de retour à l’équilibre budgétaire, que celle-ci soumettra à l’approbation du gouvernement ». Pour déterminer les modalités de ce retour à l’équilibre, l’UQAM fera appel « au service d’un consultant externe en matière de plan de retour à l’équilibre budgétaire ». Rappelons que le dernier plan de redressement issu d’une démarche semblable avait conduit l’administration de l’UQAM à reconsidérer plus de 70 programmes d’études. Rappelons également que le projet de l’Îlot Voyageur avait été approuvé par des experts du même acabit! Plusieurs diront que dans les circonstances nous n’avions pas le choix de signer cette entente. Certains par contre, comme nous, se rappelleront le sous financement chronique dont font l’objet nos institutions d’enseignements et souligneront l’odieux de nous affamer pour ensuite « nous offrir », sous conditions, cette démagogique pitance. De plus, la ministre a le culot, dans cette entente, d’inclure un volet encadrant la négociation de nos conventions collectives. Elle impose au recteur le « recours à [une] firme pour conseiller le conseil d’administration quant aux modifications à apporter aux conventions collectives et au mode de négociation lui-même, sur la base d’une analyse de conjoncture (contexte, ampleur et complexité des prochains mandats de négociation, forces en présence et environnement social général) ». Il y a lieu, à la lumière de ces informations, de se questionner sur l’autonomie de notre institution et sur les véritables intentions derrière cette entente. L’indifférence avec laquelle notre université s’est comportée depuis la fin de nos conventions collectives en mai dernier nous laisse à cet égard plus que songeurs… Dans ces circonstances, il y a lieu de se demander si l’administration de notre université peut toujours prétendre défendre les véritables intérêts de la communauté qu’elle dit représenter!
Finalement, si, contrairement à moi, vous ne doutez pas de la franchise de nos mandarins, voici un petit quelque chose pour faire réfléchir : le 5 décembre 2008, la ministre s’engageait à « verser les subventions conditionnelles à hauteur de quelque 85 M$ dans la semaine qui suivra ». Vous avez pu recevoir dans votre boîte de courriel le complaisant message de notre administration nous annonçant le 19 janvier (plus de cinq semaines après l’entente), le versement de 65 millions. Ainsi, en l’espace de quatre semaines, 20 millions manquent déjà à l’appel. Pour les autres montants, on nous assure qu’ils viendront, qu’il faut être patient… En attendant, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes… L’UQAM est sauvée… Le redressement peut suivre son cours, pour le meilleur ou pour le pire!
Eric Demers, Président
Pour plus d’infos sur le plan de redressement de l’UQAM