CUPE 3903 versus Université York

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Du 12 au 14 janvier dernier, le SÉtuE a dépêché à Toronto son vice-président, Alexandre Leduc, pour analyser sur le terrain la grève que mènent les étudiante- s employé-e-s contre leur employeur, l’Université York. Voici quelques extraits de son rapport.

La section locale du SCFP 3903 (à laquelle je me référerai dans ce document simplement par son sigle anglais CUPE) comporte trois unités. Le membership de CUPE diffère du nôtre en deux points : 1) il comporte les chargé-es de cours, 2) la presque totalité des étudiant- e-s des cycles supérieurs travaille à York. Ensemble, les trois unités totalisent plus de 3400 membres ce qui est une nette augmentation depuis le début de la décennie alors qu’ils n’étaient que 2000. Considérant la réalité variée des différentes unités, il y a 3 conventions collectives. Cependant, une seule table de négo est mise sur pied et l’équipe de négo se compose de trois membres de chaque unité.

En terme de revendications, les unités 1 et 3 désirent essentiellement des hausses de salaire et de bourse pour que le revenu garanti passe de 17 400$ à 19 400$ pour se rapprocher du seuil de pauvreté à Toronto qui est de 21 000$. Ils revendiquent aussi une indexation de leurs salaires et de leurs bourses aux frais de scolarité lesquels peuvent atteindre 6000$ par année. Les revendications de l’unité 2 concernent plutôt la sécurité d’emploi et le nombre de passages vers un poste de professeur permanent.

Malgré ces réalités très différentes, j’ai observé une très grande sympathie entre les deux groupes de travailleurs au sein du CUPE. Il faut savoir aussi que CUPE a plusieurs années d’expérience de militantisme et une demi-douzaine de négociations à son actif. Bref, elle a une histoire… Il est d’ailleurs reconnu que CUPE est, plutôt que la fédération étudiante, la place où militer à York. Certains disent même que c’est le syndicat le plus militant de tout Toronto.

L’union de ces deux groupes précaires me donne l’impression d’une force synergique très puissante apparemment capable de barrer la route à une université de taille comme celle de York. La grève s’est déclenchée début novembre lorsque l’offre déposée par le patronat demandait des concessions de taille de la part de CUPE. Votés à 70% sur un total d’environ 900 votants, les rejets des propositions patronales ont atteint des scores impressionnants dans les assemblées subséquentes. À la suite du déclenchement de la grève, une AG se tient une fois par semaine pour discuter de l’évolution du mouvement et des stratégies de demandes/ concessions de l’équipe de négo. Il y a une participation moyenne de 300 à 500 personnes à ces AG. Cette participation compte dans les 20 heures pour les indemnités provenant du fonds de grève. Le reste des heures doit être complété en piquetage ou en tâches alternatives de bureau.

Les 19 et 20 janvier, les grévistes faisaient face à un Forced ratification vote. C’est une disposition du Code du travail ontarien adoptée du temps de Mike Harris qui permet à un employeur de passer outre l’équipe de négo pour faire voter le membership du syndicat sur une offre « finale ». Le vote est organisé par le ministère du Travail et se tient en dehors des terrains universitaires. Le moindre mal de cette clause patronale du code ontarien est qu’elle ne peut être faite qu’une seule fois par négociation. Ainsi, c’est une arme à double tranchant. Si le membership refuse en masse le rat vote, l’équipe de négo est par la suite en bonne posture pour faire des gains à la table.

Les membres de CUPE ont rejeté le rat vote dans une proportion de 63 %. Ils sont donc de retour en force à la table de négo, plus déterminés que jamais à établir la norme canadienne en terme de conditions de travail des étudiant- e-s employé-e-s.

Dernière heure : Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que le gouvernement McGuinty désire faire voter une loi spéciale de retour forcé au travail. CUPE doit donc se battre sur deux fronts : contre York et contre l’État. Souhaitons, à nos consoeurs et confrères en lutte, un dénouement positif malgré cette nouvelle épreuve.

Alexandre Leduc vice-président

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