MONTRÉAL, le 9 juin /CNW Telbec/ – “Crise de confiance et rupture du pacte social : la session parlementaire s’achève à Québec dans un climat de morosité.” C’est ainsi que la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, a dressé le bilan d’une session souvent houleuse devant quelque 200 délégué-es réunis à l’occasion du conseil confédéral de la centrale syndicale qui se tient au Palais des congrès de Montréal, les 9 et 10 juin.
Le gouvernement Charest bat, en effet, de bien tristes records : sa popularité est en chute libre : 76 % de la population québécoise sont insatisfaits. Plus de 72 % sont opposés au ticket modérateur et près de 9 électeurs sur 10 se disent découragés ou rebutés par les politiciens. Les libéraux atteignent le fond du baril alors que les révélations sur le financement illégal du parti s’accumulent.
Circonstances aggravantes
Le gouvernement a volontairement noirci le poids de la dette et utilisé le prétexte de la crise économique pour justifier un virage à droite dont les Québécoises et les Québécois ne voulaient pas. Le dernier budget reprend plusieurs recommandations provenant des rapports Mont-marquette, Castonguay et du Pacte pour le financement des universités des lucides, sans aucune consultation publique, comme si ces mesures avaient l’assentiment des citoyennes et des citoyens. Il s’agit d’un changement de cap radical.
Se mobiliser pour contrer le budget
“J’appelle à une importante mobilisation pour stopper ce gouvernement. Jamais nous n’accepterons de voir ainsi renier et mettre à mal les choix de société les plus chers à la population en matière de services publics, de capacité d’agir de l’État et de progressivité de notre système fiscal. Une longue lutte s’annonce et nous travaillerons d’arrache-pied à informer, mobiliser et développer les alliances les plus larges et solides possible pour contrer cette nouvelle tentative de démolition”, a déclaré la présidente de la CSN.
Réalité tronquée
Elle rappelle que la reprise, plus vigoureuse que prévu, aura un impact sur le déficit qui devrait être moins élevé d’environ 600 millions $. Le gouvernement ne semble pas en tenir compte. Il pervertit la réalité en disant que la population vit au-dessus de ses moyens, alors que le déficit est dû à une insuffisance de revenus, conséquence des baisses d’impôt qui feront du Québec un des rares endroits au monde où la charge fiscale des entreprises sera la plus faible.
Trop de zèle stoppera la reprise
Le gouvernement Charest semble sourd aux appels répétés des économistes contre le zèle des gouvernements européens en matière d’austérité. Ainsi, pour le grand patron du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, “il n’est pas écrit dans le marbre qu’il faille absolument qu’en 2012 ou 2013 on soit revenu à 3 % de déficit par rapport au PIB”. En France, pour Elie Cohen du Centre national de recherche scientifique, mieux vaut des engagements étalés, mais réalistes et tenables que des promesses forcenées qu’on ne tiendra pas et qui tueront la reprise. “Le Québec vise un déficit zéro en 2013-14, devenant ainsi le “meilleur élève au monde” en la matière, un plan complètement irréaliste qui risque de compromettre la fragile reprise”, a martelé la présidente.
Le projet de loi 100
Sans débat public, le gouvernement s’apprête à adopter le projet de loi 100 qui met en œuvre les mesures contenues dans le budget, qui imposent entre autres des coupes draconiennes de postes dans l’administration des établissements de santé et de services sociaux, dans les écoles et dans les cégeps. Ce projet de loi sabre également les budgets de formation comme si cette dernière n’était pas cœur de services publics de qualité.
Dans le secteur public
Dans la négociation du secteur public, la présidente de la CSN a rappelé que des ententes sont intervenues à la RIO, à la Société des traversiers et au Palais des congrès ainsi que pour les employés de soutien des commissions scolaires anglophones. Dans d’autres organisations du front commun, ce sont des employés de soutien de cégeps et les enseignants du primaire-secondaire qui ont trouvé un terrain d’entente sans oublier les deux syndicats représentant l’ensemble des salarié-es de la fonction publique. “Dans le secteur de la santé, on constate depuis quelques jours un changement positif dans le rythme des discussions et dans la qualité des échanges”, a indiqué la dirigeante syndicale. Une entente générale est possible si nous savons, employeurs et syndicats, mettre à profit les jours et les heures qui restent avant la grande période des vacances. Pour cela, nous devons avoir l’objectif commun que tous les secteurs y trouvent leur compte.”
Conflits en cours
Actuellement, neuf conflits de travail, dont quatre lock-out, sévissent à la CSN. L’interminable lock-out au Journal de Montréal dépasse maintenant les 500 jours. Les travailleurs et les travailleuses de l’entrepôt Provigo Armand-Viau dans la région de Québec font face à une fermeture. Les employés cols-bleus du cimetière de l’Est à Montréal ainsi que trois syndicats d’Héma-Québec recourent à des grèves sporadiques. Des conflits persistent Au Roi du coq rôti à Sherbrooke, dans une maison d’hébergement pour femmes victimes de violence de l’Abitibi-Témiscamingue et chez Olympia à Valcourt.
La CSN représente plus de 300 000 travailleuses et travailleurs tant dans le secteur privé que public.