Depuis quelques temps, l’augmentation du salaire minimum est devenue l’un des enjeux cruciaux de la lutte à la précarité et de la réduction des inégalités aux États-Unis et au Canada. Si le mouvement a été lancé d’abord dans les chaînes de restauration rapide, c’est vite devenu une question de répartition de la richesse et une volonté de rompre avec l’absurdité du travail à temps plein qui ne permet même pas de dépasser le seuil de pauvreté. Plusieurs campagnes de mobilisation au Québec inscrivent cette augmentation du salaire minimum dans une série de mesures pour favoriser l’amélioration des conditions minimales de travail. Grâce à une proposition du SÉTUE, l’AFPC-Québec (notre centrale syndicale) a adopté le mandat de revendiquer l’amélioration des conditions minimales de travail: l’augmentation du salaire minimum à 15$/heure, des vacances annuelles payées de 5 semaines, l’octroi de 10 journées de maladie par an et la possibilité de connaître son horaire de travail au moins 5 jours à l’avance. Bien que les taux de salaire des emplois syndiqués avec le SÉTUE sont maintenant tous au-delà du 15$, la question concerne directement les membres; en effet, de nombreuses personnes ont aussi un emploi en dehors du campus, souvent à bas salaire, comme la majorité des personnes aux études. Ainsi, la lutte à la précarité des membres du SÉTUE repose à la fois sur l’amélioration des conditions de travail associées aux contrats de l’UQAM, mais aussi par l’amélioration générale des conditions de travail pour toutes et tous. C’est aussi une revendication de solidarité envers les employé‑e‑s étudiant‑e‑s de certaines universités qui n’ont pas encore atteint le taux horaire de 15$. L’augmentation du salaire minimum permettrait donc de réduire la précarité étudiante et de réduire la précarité de tous ceux et de toutes celles qui travaillent à bas salaire.
Les discours alarmistes
Dans l’histoire du syndicalisme, les luttes pour l’amélioration des conditions de travail et de vie ont fait réagir le patronat qui se montre toujours fermé et insensible. En effet, toute revendication syndicale amène le patronat à crier à la catastrophe: l’abolition du travail des enfants, la réduction de la durée du temps de travail à 8h par jour, la création du weekend, la création des vacances annuelles payées, et plus récemment, l’atteinte de l’équité salariale entre les femmes et les hommes, etc. C’est toujours la même rengaine: les entreprises vont faire faillite ou quitter pour s’établir dans un pays où la main-d’œuvre est bon marché et docile. Ce n’est donc pas une surprise si la majorité des patrons et leurs lobbies s’opposent à l’augmentation du salaire minimum à 15$. Or, n’est-ce pas normal que les travailleurs et travailleuses au salaire minimum puissent gagner un salaire permettant un niveau de vie décent? L’idée derrière la hausse du salaire minimum, c’est justement qu’il devrait être normal pour quiconque travaille à temps plein de bénéficier d’un revenu décent au lieu de simplement survivre en étant sous le seuil de pauvreté comme c’est malheureusement le cas actuellement.
La hausse du salaire minimum à 15$: c’est réaliste
Depuis quelques temps, de nombreuses juridictions aux États-Unis et au Canada ont fait le choix de hausser le salaire minimum à 15$: aux États-Unis, on pense évidemment à l’État de la Californie, à l’État de New York et à plusieurs villes comme Seattle, San Francisco, Los Angeles et Washington, mais aussi aux provinces de l’Alberta et de l’Ontario au Canada. Si certains projets de hausse s’étalent sur quelques années, d’autres s’effectuent quand même assez rapidement. Par exemple, l’Ontario passera à 14$ en 2018 et à 15$ en 2019. Compte tenu que le salaire minimum est présentement de 11,25$ au Québec et qu’il est de 11,40$ en Ontario, il est dur de nous faire croire que ce serait un cauchemar que d’effectuer cette hausse au Québec. Il devient de plus en plus évident que la hausse du salaire minimum à 15$ ne provoquerait pas une catastrophe, alors exigeons que le Québec aille de l’avant avec cette mesure qui permettrait à des centaines de milliers de personnes d’avoir un revenu décent pour leur travail.