Combattre la précarisation et améliorer les conditions de vie des étudiant·e·s employé·e·s

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Ceci est un article publié dans le Journal de la rentrée d’Automne 2019.

Depuis plusieurs années, le monde du travail subit de profonds changements. L’augmentation du travail atypique, du travail autonome ou payé à la tâche et des emplois à contrats, à temps partiel et sur appel sont diverses facettes de cette transformation. L’austérité néolibérale a réduit les services sociaux et augmenté les tarifs en éducation et en santé, tandis que l’augmentation des loyers et du coût de la vie s’effectue plus rapidement que l’augmentation des salaires. Compte tenu de ces divers facteurs, force est de constater que le néolibéralisme engendre une forme de précarisation structurelle affectant la grande majorité des membres de la société et se manifeste dans le monde du travail actuel par une multiplication des situations de précarité, qui touchent autant à l’aspect économique qu’au bien-être et à la charge mentale des travailleur·euse·s. La nouvelle classe sociale qui apparaît avec la précarisation est définie en sociologie comme le précariat. Cela implique à la fois les gens exclus du marché du travail, les stagiaires, les personnes qui courent d’un contrat à l’autre, bref toutes celles et ceux qui ne bénéficient pas d’une stabilité de travail et de revenus. Avec la précarité et ses effets qui les affectent, les travailleuses et les travailleurs vivent dans l’incertitude, le stress, l’anxiété et la compétitivité. Le taux alarmant de problèmes liés à la santé mentale en milieu universitaire constitue un indicateur de cette pression qui est faite sur les gens en milieu de travail, comme le démontre une étude indiquant que 53,4% du personnel de soutien souffre de détresse psychologique dans les universités québécoises.

Pour les employé·e·s étudiant·e·s de l’UQAM, les contrats d’auxiliaires d’enseignement ont souvent été réduits dans les dernières années, soit parce que le nombre d’heures total est moins grand qu’avant ou parce que les contrats de courte durée se sont multipliés. Certains contrats de correction ont par exemple été coupé en deux pour la mi-session et la fin de session au lieu d’offrir des contrats sur toute la durée de la session. En plus des autres impacts négatifs engendrés par l’austérité, l’indexation des frais de scolarité ainsi que la très forte augmentation des frais pour les étudiant·e·s provenant d’ailleurs dans le monde contribuent à l’appauvrissement des gens aux études et des étudiant·e·s employé·e·s.

Renverser la vapeur

Afin de combattre la précarité et renverser la tendance à la précarisation, divers mouvements ont émergé dans la dernière décennie. Occupy Wall Street a fait la critique de la financiarisation du monde qui se fait au détriment de la majorité, la campagne pour l’augmentation du salaire minimum à 15$ aux États-Unis puis reprise au Canada et au Québec a mis en lumière la violence du capitalisme qui permet de garder dans la pauvreté des gens qui travaillent à temps plein, une frange importante des gilets jaunes en France revendique une amélioration du pouvoir d’achat, et plus spécifiquement au Québec, la Coalition pour la rémunération des stages a contribué à remettre en question le fait de travailler sans avoir de salaire ni de reconnaissance du statut de travailleur·euse.

L’importance de la solidarité

Lors des dernières négociations entre le SÉTUE et l’UQAM, la revendication d’un plancher d’heures pour les auxiliaires d’enseignement était perçue comme une façon de protéger le nombre d’heures que l’université alloue aux tâches de correction, de monitorat et de laboratoire. L’idée consistait à établir un nombre minimal en deçà duquel l’administration ne pourrait pas couper pour faire des économies, ce qui aurait permis à la fois de protéger les heures de travail des auxiliaires d’enseignement et d’assurer la qualité de l’enseignement. Si cette mesure n’a malheureusement pu être obtenue, en revanche, un important rattrapage salarial pour les employé·e·s qui sont au 1er cycle d’études a été gagné, permettant de réduire l’écart entre les gens au 1er et au 2e cycle. C’est grâce à la solidarité des associations étudiantes et des autres syndicats que le SÉTUE a gardé son rapport de force envers l’employeur. De la même façon, le SÉTUE a régulièrement donné son appui à d’autres luttes, comme lors de la grève de plusieurs mois en 2016 du Syndicat des employé·e·s du Vieux-Port de Montréal, et la journée de grève du Syndicat des étudiant·e·s salarié·e·s de l’Université de Montréal (SÉSUM) à l’automne 2016, qui s’inscrivaient aussi dans la lutte pour le salaire minimum à 15$ étant donné que plusieurs de leurs membres n’avaient toujours pas ce salaire.

Vers de nouvelles négociations

La convention collective du SÉTUE arrive à échéance en décembre 2019. La nouvelle ronde de négociations avec l’employeur sera l’occasion d’améliorer nos conditions comme employé·e·s étudiant·e·s et de réduire notre précarité. Que ce soit par une augmentation salariale, une amélioration des services aux employé·e·s ou une bonification des avantages sociaux, il sera possible de revendiquer ce qui est important pour nous. De plus, la défense du travail des auxiliaires d’enseignement permet de protéger la qualité de l’enseignement dispensé à l’UQAM. À la session d’hiver 2019, des journées de réflexions ont eu lieu et un sondage a été effectué. Durant l’été, le comité de négociation a travaillé à élaborer divers scénarios de revendications et de modifications à apporter à la convention collective. Comme cette dernière est un contrat liant l’employeur et les employé·e·s, elle permet entre autres de fixer les paramètres des tâches, de définir les postes, d’établir les conditions salariales et les droits des personnes salariées. Les revendications du SÉTUE seront décidées démocratiquement par les membres lors des assemblées générales, c’est pourquoi il est important d’y participer.

par Yan St-Onge, délégué syndical et Laurianne Ladouceur, déléguée syndicale


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