Les huit syndicats du quotidien La Presse « déplorent » le fait que la direction leur ait « posé publiquement un ultimatum ».
Ils soutiennent avoir toujours été prêts à négocier et disent avoir envoyé un calendrier de négociations à leur employeur. « Ultimatum ou pas, c’est là où nous en étions rendu », a déclaré Hélène de Guise, présidente du Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP), l’un des huit syndicats.
Menaces de suspension le 1er décembre
Jeudi matin, la direction du journal La Presse avait menacé de suspendre sa publication, sur papier et sur Cyberpresse, si elle n’arrivait pas à s’entendre avec ses employés sur une nouvelle convention collective.
« Il faut absolument accélérer le rythme des négociations », peut-on lire dans un courriel de l’éditeur du quotidien, Guy Crevier, envoyé aux employés et dont Radio-Canada a obtenu copie.
La direction affirme que le « modèle d’affaires actuel n’a aucune chance de survivre ». Selon ses prévisions, le quotidien comptabiliserait des pertes de 100 millions de dollars en 2013 si rien n’était fait.
« Il s’agit d’un problème structurel, pas juste à cause de la récession », souligne Caroline Jamet, vice-présidente aux communications de La Presse.
Elle précise que la direction entretient de bonnes relations avec le syndicat.
La semaine de quatre jours dans la ligne de mire
Le quotidien négocie actuellement avec ses 700 employés répartis dans 8 syndicats, dont les 240 du Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP), pour renouveler la convention collective.
La semaine de quatre jours, dont bénéficient plusieurs catégories d’employés, constitue la principale pierre d’achoppement, selon la direction. La direction souhaite adopter la semaine de cinq jours pour tous. « Nous leur demandons de travailler comme 99 % de la population », précise Mme Jamet, qui précise que ce changement s’avère « inévitable ».
Quant aux autres points, la vice-présidente aux communications se dit ouverte aux discussions.
Économiser 26 millions de dollars
Gesca, qui détient le quotidien, a annoncé qu’elle voulait réduire ses coûts de main-d’oeuvre de 13 millions de dollars supplémentaires par année, pour économiser un total de 26 millions annuellement.
L’entreprise explique que des banques sont prêtes à lui prêter l’argent nécessaire pour combler le déficit du fonds de pension, mais à condition qu’elle parvienne à réduire ses coûts de 26 millions.
Le quotidien de la rue Saint-Jacques a déjà pris plusieurs mesures pour réduire ses coûts:
Fin de l’édition du dimanche, le 28 juin dernier;
Réduction de la taille du quotidien;
Mise en place d’un programme de départs volontaires.
Selon la direction, la mise en place du plan bancaire du quotidien ne peut se faire sans un plan de réduction des coûts de la part des employés.
Le syndicat veut voir les états financiers
Le syndicat de La Presse se dit quant à lui conscient de la situation, mais exige de connaître l’état financier précis du quotidien.
La direction refusait d’accéder à cette demande jusqu’à maintenant, mais elle se dit maintenant prête à donner accès à plusieurs données financières, dont les états financiers détaillés de janvier à août 2009, à la firme de vérification embauchée par le syndicat.
Lors de leur point de presse, les syndicats ont dit attendre l’opinion de leurs experts financiers avant de statuer si ces nouvelles informations sont suffisantes.
Mais en raison des délais de traitement comptable, le rapport de cette firme pourrait ne pas être disponible avant le 1er novembre, soutient l’entreprise. « À ce moment, nous serons près de la date critique à laquelle le plan de réduction de dépenses devra être mis en place afin d’atteindre les objectifs fixés pour le maintien de notre emprunt bancaire », écrit Guy Crevier dans son courriel.
Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) demande lui aussi ces chiffres depuis quatre ans. La Cour supérieure du Québec lui a d’ailleurs donné raison mercredi dernier.
Consultez l’article intégral de l’édition du 3 septembre 2009 de Radio-Canada.