(Québec) Meilleure gestion des fonds publics et amélioration constante des services rendus aux citoyens. La ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, vise ces deux objectifs avec les projets de loi 38 et 44 sur la gouvernance des cégeps et des universités. Elle devra cependant accepter de les modifier pour atteindre son but.
Que la ministre de l’Éducation veuille s’assurer que les 4 milliards $ investis dans les établissements d’enseignement supérieur sont bien utilisés, nous en sommes. Lorsque des fonds publics constituent la principale source de financement d’un établissement, il est tout à fait légitime que le gouvernement établisse une forme de reddition de comptes efficace et transparente. L’indépendance des universités et des cégeps a des limites, faute d’autonomie financière.
La mainmise du ministère de l’Éducation ne doit pas par ailleurs être totale. Dans le fiasco de l’Université du Québec à Montréal, où 400 millions $ ont été engloutis, le ministère n’a pas empêché le dérapage malgré des signaux inquiétants. Les administrateurs provenant de l’externe n’ont pas non plus empêché l’UQAM de s’éloigner de sa mission éducative et de s’aventurer dans l’immobilier.
Mme Courchesne inscrit sa réforme dans une modernisation, une actualisation des règles de gouvernance, ici et ailleurs. Il est certes pertinent de faire le point périodiquement. Non pas pour se mettre au goût du jour, pour se donner bonne conscience après l’expérience coûteuse de l’UQAM ou pour faire oublier que l’entreprise d’un ministre profite de la manne de travaux publics. Mais bien dans un souci d’amélioration.
La ministre semble avoir oublié le caractère spécifique des cégeps et des universités. Comment penser améliorer les services aux étudiants et aux communautés si les responsables des études sont exclus des conseils d’administration? Comment croire compatibles l’amélioration des services et le gonflement de la bureaucratie qu’entraînent les nouvelles exigences de la ministre?
Il faut éviter de transposer le modèle de gouvernance d’une entreprise privée ou d’une société d’État (qui ne sont pas toujours des modèles) à des maisons d’enseignement. Leur mission n’est pas de produire des biens et des services, mais bien d’instruire des citoyens, de transmettre le savoir, de former de la main-d’oeuvre et de mener des recherches dans divers domaines.
Une cinquantaine de mémoires ont été soumis aux parlementaires. De quoi inspirer un modèle de gouvernance qui collera davantage à la réalité des cégeps et des universités, qui assurera une gestion saine des fonds publics et de meilleurs services aux étudiants et à l’ensemble de la société.
Consultez l’article intégral de Brigitte Breton de l’édition du 3 septembre 2009 sur Cyberpresse.