Les frais afférents : état de la situation

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Au printemps dernier, le conseil d’administration (CA) de l’UQAM a adopté une résolution visant à négocier une augmentation des frais afférents avec les associations étudiantes du campus. Le CA a justifié cette résolution par la situation déficitaire du budget de l’institution pour cette année. L’écart entre les entrées et les sorties d’argent est d’approximativement 22 millions de dollars. Pour réduire le déficit, le CA souhaite faire passer les frais afférents de 20 $ à 120 $ par session.

La source du déficit

Le budget d’une université est suffisamment complexe pour qu’il soit difficile de le résumer en quelques lignes. Toutefois, on peut affirmer que le sous-financement gouvernemental est la cause principale du déficit actuel et de celui de l’année dernière. Presque toutes les universités québécoises, aux prises avec un déficit, ont choisi d’augmenter les frais chargés aux étudiant-e-s. Voilà pourquoi le sous-financement est un thème récurrent des luttes étudiantes depuis longtemps.

À l’UQAM, cette dynamique est renforcée par la politique immobilière agressive des dernières années. Ainsi, une bonne partie du déficit vient de la construction du controversé Îlot Voyageur, le nouveau pavillon que fait construire l’UQAM au coin des rues Berri et Ontario. Également baptisé par ses détracteurs Îlot PPPollueur, en référence au grand stationnement qu’il comprend et au partenariat avec le privé établi pour le financement du projet, ce nouvel édifice a soulevé de fortes réactions et des mobilisations. Notons au passage que l’engagement dans ce projet financier risqué a fait baisser la cote de crédit de l’institution, ce qui signifie de plus lourdes charges d’intérêts. Ainsi, le déficit appelle le déficit. Si cette situation a permis au CA de proposer une hausse des frais afférents, elle ne l’a pas empêché pour autant d’augmenter le salaire des cadres, qui gagnent, selon le recteur, des salaires de crève-faim.

De nouvelles sommes

En août dernier, le ministre de l’Éducation s’est engagé à investir 240 millions dans l’éducation postsecondaire pour les trois prochaines années. Toutefois, cette déclaration à saveur électorale ne comporte pas de mesures précises indiquant comment doivent être utilisées ces sommes. Le gouvernement a plutôt décidé de former des tables de concertation avec les recteurs-trices pour voir à l’allocation de ces ressources. Dans la foulée de ces annonces, le recteur de l’UQAM, qui est également président de la Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec (CRÉPUQ), déclara que ces sommes permettront tout au plus de colmater quelques brèches. Le ministère prétend que les sommes ne serviront pas qu’à éponger les déficits, mais également à faire des investissements.

L’éducation, un bien commun et un droit

Dans ce débat, le comité exécutif du syndicat a pris position contre l’augmentation des frais afférents. D’abord, parce qu’étant donnée la situation juridique du syndicat, tous ses membres doivent être étudiants. Donc, une hausse des frais afférents signifie également une baisse de salaire, puisque nous devons payer les frais de scolarité pour être embauché-e-s. De plus, il est inapproprié de chercher à combler les déficits en pigeant dans les poches des moins nanti-e-s de l’université. Mais surtout, c’est la question de la vision globale de l’éducation au sein de la société qui a poussé le comité à prendre cette position. En effet, lorsque l’éducation est perçue comme un investissement individuel, il semble logique que les étudiant-e-s paient pour les services qui leur sont offerts. Toutefois, contre cette logique, le syndicat privilégie la vision de l’éducation comme étant un bien commun et un droit. En ce sens, les étudiant-e-s ne devraient pas avoir à payer pour que leurs droits soient respectés. Le comité exécutif considère également que l’éducation ne profite pas uniquement aux gens qui reçoivent des diplômes, mais également à l’ensemble de la société, qui gagne à avoir une population aux ressources intellectuelles plus développées. En ce sens, il est injuste de tenter de faire reposer les coûts de l’éducation sur les étudiant-e-s.

La réponse

Le spectre de la grande grève étudiante de 2005 plane toujours et il rappelle que les étudiant-e-s se sont très fortement mobilisé-e-s pour défendre l’accès à l’éducation de tous et toutes en luttant contre la réduction des bourses du programme de prêts et bourses. Plusieurs associations étudiantes et syndicats de l’UQAM se penchent actuellement sur la question des frais afférents et des actions politiques ont déjà été entreprises. Le 22 septembre dernier, les représentant-e-s des sept associations étudiantes facultaires ont rencontré le recteur, M. Roch Denis, et lui ont fait part de leur position face à toute augmentation des frais afférents : un non retentissant. Le 25 septembre, les sept associations étudiantes facultaires et les quatre syndicats de l’UQAM ont convoqué une conférence de presse pour annoncer une prise de position conjointe exigeant un réinvestissement public massif en éducation et dénonçant toute hausse de frais facturés aux étudiant-e-s (pour voir le communiqué de presse de la conférence, cliquez ici). Malgré ces positions claires, le recteur s’entête toujours à vouloir trouver des moyens de faire avaler aux étudiant-e-s des hausses de frais afférents.

Le comité exécutif du syndicat continuera à diffuser de l’information sur la question et de s’impliquer, ainsi que les membres qui le souhaitent, dans les différentes démarches visant à maintenir l’accès à l’éducation.


Résolution du SÉtuE sur les frais afférents

• Considérant que l’UQAM ainsi que l’ensemble du système d’éducation postsecondaire québécois souffrent d’un sous-financement public chronique;
• considérant que ce sous-financement nuit à la qualité de l’éducation et affectant les conditions d’enseignement et de recherche, et donc les conditions de travail et d’étude des membres du SÉtuE;
• considérant que l’éducation est un droit, et non un privilège, et que le gouvernement québécois s’est engagé, par le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, à assurer un accès égal à tous et à toutes à l’éducation supérieure et à implanter progressivement la gratuité scolaire (article 13.2b);
• considérant que la dette actuelle de l’UQAM ne peut être attribuée à la population étudiante, mais probablement plus à une politique de gestion particulière;
• considérant que le gouvernement s’est engagé à réinvestir 240 millions dans les 3 prochaines années pour les universités du Québec;
• considérant que tous les étudiants employés et toutes les étudiantes employées doivent être inscrits ou inscrites pour obtenir un emploi, et que les frais viennent donc diminuer le revenu provenant de leur travail à l’université;

Il est proposé que :

• le SÉtuE s’oppose à toute augmentation des frais de scolarité;
• que le SÉtuE réclame la gratuité scolaire;
• que le SÉtuE réclame un refinancement massif de l’éducation postsecondaire;
• que le SÉtuE réclame un régime d’aide financière adéquat ayant pour but d’éliminer l’endettement étudiant et d’assurer la satisfaction des besoins fondamentaux;
• et que le SÉtuE prenne les moyens nécessaires pour obtenir le respect du droit à l’éducation.

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