L’entente du Front Commun ou une stratégie à revoir

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Les négociations entamées dans le cadre du Front Commun des employé-e-s du secteur public avaient deux buts principaux. D’un côté, il s’agissait de réduire l’écart grandissant entre leur salaire et celui des personnes œuvrant dans le secteur privé, et de l’autre côté d’enrayer une partie de l’appauvrissement encouru lors du décret des dernières conventions collectives en 2005.

Cependant, l’entente survenue cet été entre les représentantes et représentants syndicaux du Front Commun et le gouvernement ne règle en rien ces questions, au contraire, il perpétue la perte du pouvoir d’achat de l’ensemble des travailleurs et des travailleuses du secteur public. L’augmentation salariale proposée serait de 0.5% pour l’année en cours, 0,75% pour la suivante, 1% pour 2012, 1.75% pour 2013 et enfin 2% pour la dernière année prévue de la convention. Cela donne donc une moyenne de 1.2% par an. L’offre qui sera mise sur la table pour adoption dans les assemblées générales des syndicats de la fonction publique comprend toutefois une clause qui pourrait – si l’économie du Québec croit plus rapidement que prévu à partir de 2012 – bonifier les hausses salariales jusqu’à concurrence de 9.5% au total sur les cinq années de la convention. Une troisième hausse conditionnelle, basée sur l’Indice des prix à la consommation (IPC) pourrait, en 2015, ajouter 1% d’augmentation.

Toutefois, même si ces hausses supplémentaires se voyaient ajoutées à la hausse initiale, on obtiendrait à peine le taux d’inflation plus ou moins régulier de 2%, seuil qui permet tout juste de conserver son pouvoir d’achat. Or, non seulement cela est hautement improbable puisque les prévisions de croissance économique du gouvernement sont déjà très optimistes (autour de 4% pour ces années), mais si cela devait arriver, les augmentations de salaires demeureraient inférieures à la hausse moyenne des prix jusqu’en 2012. De plus, cela ne règle en rien le rattrapage face au secteur privé et à la perte de salaire réel causé par le décret du gouvernement en 2005.

Au-delà des hausses de salaire

Cette entente ne déçoit pas uniquement au niveau des objectifs fixés avant les négociations, mais aussi par rapport au rôle fondamental que peut avoir une mobilisation du secteur public dans le climat politique au Québec. En effet, dans le contexte actuel où les services publics sont gravement menacés (tarification, marchandisation, privatisation), une réponse forte de la société est nécessaire pour stopper cet élan. Les syndicats du Front
Commun doivent alors être à l’avant-scène de cette lutte.

Une coalition contre la tarification et la privatisation des services publics rassemblant des groupes populaires et communautaires, ainsi que des syndicats a été créée après le dépôt du budget Bachand en mars dernier. Celle-ci avait évidemment pour but de combattre les dernières mesures néolibérales mises de l’avant par le gouvernement mais sans la force de frappe des syndicats et de leurs moyens de pression considérables, la coalition se retrouverait quelque peu affaiblie.

La fenêtre d’opportunité qu’est la période de négociation avec le gouvernement représente une chance unique de mettre de l’avant un projet de société alternatif à celui qui est imposé par la plupart des États occidentaux. De par le nombre de personnes affectées (directement ou indirectement c’est près de 20% des employé-e-s salarié-e-s du Québec) par les hausses de salaires obtenues pour le secteur public, l’issue des négociations peut avoir une influence considérable sur la tendance des salaires de l’ensemble de la société.

Et maintenant quoi?

C’est devant cette entente décevante et ce sentiment d’occasion ratée que le conseil syndical du SÉtuE a adopté qu’il « se déclare insatisfait de l’entente de principe sur le PSG; qu[‘il] dénonce l’arrimage entre hausses salariales et PIB (réel ou prévu); que pour les prochaines négociations collectives, le Syndicat trouve un modèle alternatif pour ses hausses salariales annuelles. ».

Le SÉtuE, ainsi que les autres syndicats bénéficiant des hausses accordées au secteur public par le biais de leur convention collective, devront se questionner sur la pertinence de reconduire une telle clause et sur la possibilité d’y substituer une augmentation annuelle différente. Une indexation qui pourrait s’avérer viable serait celle basée sur l’indice des prix à la consommation (IPC), les salaires se verraient alors évoluer en fonction d’une évaluation des hausses de prix. Sans être révolutionnaire, cette mesure permettrait au moins d’éviter d’autres baisses du pouvoir d’achat.

Toujours est-il que les membres des syndicats de la fonction publique doivent encore se prononcer en assemblée générale sur ces offres. La suite à donner à ces réflexions dépend de ce qui sera décidé.

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