QUEBEC — Une grave pénurie de main-d’oeuvre guette la fonction publique si le gouvernement Charest n’augmente pas les salaires des employés, prévient le Front commun syndical du secteur public.
En lançant une tournée régionale sur les enjeux de la négociation du secteur public mardi à Québec, le président de la Fédération des travailleurs du Québec, Michel Arsenault, a affirmé « qu’il va falloir payer les employés de l’Etat » pour maintenir la qualité des services au Québec.
Le président du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec, Gilles Dussault, a renchéri, en prédisant la désertion du secteur public si le gouvernement n’améliore pas les conditions de travail.
« On n’a plus de monde qui veut venir travailler dans le secteur public, que ce soit en santé, en éducation, parce que c’est trop difficile », a-t-il tonné en conférence de presse.
Le Front commun, qui représente près d’un demi-million d’employés de l’Etat, réclame des augmentations salariales de 11,25 pour cent sur trois ans.
Même si ces demandes représenteraient un déboursé supplémentaire de 3,2 milliards $ pour le gouvernement déjà aux prises avec des déficits devant totaliser près de 12 milliards $ en quatre ans, Michel Arsenault estime que Québec n’a d’autres choix que de réajuster les salaires.
« Le gouvernement va faire face à une pénurie de main-d’oeuvre et les gens vont aller là où c’est plus payant », a déclaré le président de la FTQ, ajoutant que la sécurité d’emploi dans le secteur public « est devenue un mythe ».
Le Front commun affirme que seulement 64 pour cent des employés du secteur public bénéficient de cet avantage qui fait l’envie des travailleurs du secteur privé.
Consciente que le gouvernement Charest risque de jouer la carte de la précarité des finances publiques, la présidente de la Confédération des syndicats nationaux, Claudette Carbonneau, a tenté de préparer l’opinion publique, affirmant que les hausses demandées sont justifiées.
« On ne cherche pas ‘pantoutte’ à dévaliser qui que ce soit, à partir avec la caisse », a-t-elle lancé d’entrée de jeu, ajoutant que « les gens ne sont pas fous » et qu’ils connaissent la valeur de services publics de qualité.
Elle a toutefois prévenu que le gouvernement devra revoir son cadre financier, jugeant insuffisante sa prévision de croissance des dépenses de 3,2 pour cent pour l’an prochain.
Le Front commun déposera officiellement une courte liste de revendications le 30 octobre, au lendemain d’une tournée des régions qui culminera par un grand rassemblement à Montréal, histoire de donner un peu de visibilité aux demandes syndicales.
« Il est important de trouver des gestes appropriés pour témoigner de notre sérieux, mais ça ne vise pas du tout à perturber les services publics », a précisé Mme Carbonneau.
Elle a soutenu que l’objectif du regroupement de centrales syndicales est d’éviter « le drame de 2005 », alors que le gouvernement Charest avait décrété un gel des salaires des employés du secteur public pendant deux ans par une loi spéciale.
Les conventions collectives des syndiqués viennent à échéance le 31 mars 2010.
Consultez l’article intégral de Rémi Nadeau de l’édition du 14 octobre de La Presse Canadienne.