MONTRÉAL, le 8 mars /CNW Telbec/ – En ce 8 mars, Journée internationale des femmes, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, lance un appel au gouvernement pour qu’il prenne des engagements concernant l’organisation du travail pour améliorer les services et permettre à des milliers de femmes qui œuvrent dans le secteur public et portent à bout de bras les réseaux de la santé et de l’éducation, de travailler dans des conditions décentes.
“Une bonne organisation du travail assure à la population des services efficaces qui font cruellement défaut, comme en témoigne l’actuelle crise dans les urgences. En plus de rendre possibles des gains de productivité, elle permet de diminuer les problématiques de surcharge de travail, de précarité et de pénurie de main-d’œuvre, de santé, de sécurité et de détresse psychologique. Il s’agit d’un enjeu majeur”, croit Claudette Carbonneau. La CSN souhaite notamment améliorer l’accès aux postes permanents et se départir des agences de placement qui créent des doubles standards et accentuent les problèmes de pénurie dans les réseaux publics.
Les femmes représentent 74 % des effectifs du secteur public. Plus de la moitié d’entre elles occupent un emploi précaire. Ce sont elles qui, en grande partie, dispensent les services sociaux, de santé et d’éducation. De plus, les femmes assument très largement les responsabilités familiales et sociales, ce qui en fait les plus grandes utilisatrices de ces services.
Pour la CSN, des questions comme l’aménagement du temps de travail dans les soins infirmiers doivent figurer dans le prochain règlement du secteur public. Cependant, la centrale syndicale insiste pour que des chantiers sur l’organisation du travail soient mis en place localement sur une base paritaire. “Le gouvernement doit reconnaître la contribution essentielle des syndicats et des salarié-és et éviter de provoquer un autre coup de force en imposant un décret qui minerait le dialogue. Le respect, la reconnaissance et la transparence doivent être au rendez-vous”, de poursuivre Claudette Carbonneau.
Le rapport du comité consultatif sur les finances publiques suggère une hausse de productivité de l’appareil gouvernemental de 1 % par année. “Comment pourrons-nous, comme partenaires essentiels, répondre à cet appel d’augmenter la productivité par la réorganisation du travail si la voie choisie pour y arriver est celle de la privatisation ?”, demande la présidente de la CSN.
L’idée d’introduire plus de concurrence pour améliorer la productivité dans le secteur public est un leurre. De nombreuses études prouvent le contraire. Lutter contre le décrochage scolaire et former une main-d’œuvre qualifiée constituent de bien meilleurs gages de productivité. L’éducation et la formation doivent donc devenir la grande priorité.
Des choix de société
À deux semaines de la présentation du budget, la présidente de la CSN lance un appel urgent au gouvernement Charest pour qu’il ne remette pas en question les choix de société qui ont permis à de nombreuses femmes d’accéder à l’autonomie, dont l’accessibilité aux études postsecondaires, aux services de garde à l’enfance et aux congés parentaux. “Il devrait y repenser à deux fois avant d’acquiescer aux propositions d’augmenter les tarifs des services de garde de 7 à 10 $ par jour et les droits de scolarité à l’université de 1668 à 5350 $. Le ministre des Finances demande aux citoyens combien ils sont prêts à payer pour chaque service comparativement à la collectivité. Nous répondons que cette forme de taxation est beaucoup trop régressive.”
La CSN, le mouvement syndical, le mouvement communautaire et celui des femmes ont déjà suggéré des solutions concrètes, socialement et économiquement responsables, permettant de sortir le Québec des difficultés qu’il rencontre.
Pensons à une refonte fiscale axée sur une meilleure progressivité des taux d’imposition, à l’introduction d’une taxe sur les produits de luxe et à des écotaxes, à une révision de la fiscalité des entreprises, à un meilleur encadrement des compagnies minières, à une révision du calendrier de retour à l’équilibre budgétaire comme le font, entre autres, le Canada et l’Ontario, à la lutte contre l’évitement et l’évasion fiscale, au report de la contribution au Fonds des générations, etc.
“Toutes ces solutions et bien d’autres devront être discutées dans un débat public ouvert et transparent en vue de l’adoption d’un nouveau pacte social respectueux de nos valeurs et assurant le maintien des services et des programmes sociaux, tout en permettant d’atteindre un nécessaire équilibre dans la répartition de la richesse. Ne s’agit-il pas là d’une des fonctions essentielles de l’État dans une société démocratique ?”, d’ajouter la dirigeante syndicale.
Les femmes ne sont pas dupes. Elles ont bien vu la tapageuse campagne de relation publique menée par la droite québécoise ces dernières semaines. Elles savent que leur avenir passe en bonne partie par le sort qui sera réservé aux services publics ainsi qu’à celles et à ceux qui les dispensent au quotidien. “Là-dessus, les femmes n’entendent pas baisser la garde”, de conclure Claudette Carbonneau.
La Confédération des syndicats nationaux est composée 2100 syndicats qui regroupent plus de 300 000 membres.