MONTRÉAL, le 10 mars /CNW Telbec/ – “Le gouvernement du Québec ne doit pas suivre les recommandations du comité Gagné sur les finances publiques. Il doit viser le retour à l’équilibre budgétaire sur une plus longue période afin de laisser le temps à la reprise économique de faire son œuvre et ainsi préserver les services publics et les programmes sociaux chers aux Québécoises et aux Québécois.” C’est l’appel lancé au gouvernement par la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, alors que le budget doit être dévoilé d’ici la fin du mois.
Une opération pour conditionner l’opinion publique
Selon la présidente de la CSN, l’offensive violente de la droite ces dernières semaines est pour le moins inquiétante. Le Québec a connu coup sur coup des opérations de haute voltige avec le groupe sélect de lucides dont s’est entouré le ministre des Finances et avec le nouveau club des “ex” qui reprend la campagne pour des droits de scolarité à la canadienne. Par ces subterfuges peu subtils, le gouvernement Charest semble vouloir remettre en piste ses vieux rapports supposément tablettés allant de Castonguay à Montmarquette de même que ses vieux fantasmes de réingénierie, de privatisation et de tarification tous azimuts qui avaient rendu si chaotique son arrivée au pouvoir en 2003.
Devenir plus productif pour mieux privatiser ?
Le rapport des experts du gouvernement demande une hausse de productivité de l’appareil gouvernemental de 1 % par année, et une réévaluation systématique des programmes. “Que le gouvernement fasse le ménage dans sa cour, nous en sommes. Ce n’est pas nous qui nous opposerons à la tenue d’une enquête publique sur les plantureux contrats donnés par l’État, c’est lui”, a indiqué la présidente de la CSN devant quelque 200 délégué-es réunis à l’occasion d’une réunion du conseil confédéral. Rappelant que la grande réingénierie de Monique Jérôme-Forget avait échoué, Claudette Carbonneau s’est demandé pourquoi il en serait autrement aujourd’hui. “Comment pourrons-nous comme partenaire essentiel répondre à cet appel d’augmenter la productivité par la réorganisation du travail si la voie choisie pour y arriver est la privatisation des services publics ?”
Une révolution culturelle pour qui ?
“Faisons payer les malades, les étudiants, les familles, les personnes âgées, les pauvres, et épargnons les riches. Si c’est ça la révolution culturelle, nous n’hésiterons pas à scander de nouveau que nous n’avons jamais voté pour ça !”, a lancé la dirigeante syndicale.
“Qu’attend le gouvernement pour s’attaquer aux privilèges des plus riches, imposer des redevances aux minières, ajouter un quatrième palier d’imposition, taxer les transactions financières spéculatives et les profits des institutions financières, abolir les hausses de salaire et les primes injustifiées des hauts dirigeants et réviser l’accès à la retraite grassement payée par l’État après quelques années seulement passées dans des cabinets politiques ? Le ministre des Finances demande aux citoyens combien ils sont prêts à payer pour chaque service comparativement à la collectivité. Nous répondons que cette forme de taxation est beaucoup trop régressive et qu’elle est un frein à l’accessibilité.”
Chacun-pour-soi
La CSN rejette l’approche de l’utilisateur-payeur du comité Gagné qui préconise le chacun-pour-soi au détriment du sens collectif. Il faut, au contraire, maintenir un système fiscal qui tient compte de la capacité de payer de chacun, qui assure l’équité et la capacité de redistribuer la richesse. C’est pourquoi l’impôt progressif sur le revenu ne doit pas être écarté a priori comme le font les économistes du comité consultatif.
Un pacte qui est loin d’en être un
Le pacte sur les universités présenté par 16 personnalités est tout aussi inéquitable. “Seuls les candidats les plus méritants de la classe défavorisée auront accès à une aide financière. La classe moyenne, elle, devra encore se débrouiller toute seule. Comme projet élitiste, on ne fait pas mieux !”, de dénoncer la présidente de la CSN.
La CSN estime qu’un débat sur le financement des universités est incontournable. Mais il doit être fait correctement avec tous les acteurs du milieu et pas seulement un groupe trié sur le volet qui omet de dire que sur 15 universités, 10 ont renoué avec les surplus, que les salaires des recteurs atteignent des sommets, que la gestion des universités peut être améliorée, que le fédéral doit encore des transferts au Québec en matière d’éducation supérieure et que l’entreprise, qui bénéficie de bassins de recrutement constitués d’étudiants formés de haut niveau, pourrait contribuer davantage.
La CSN appuie les étudiants et les professeurs d’université pour réclamer la tenue d’une vaste consultation publique. “Le gouvernement devrait y repenser à deux fois avant d’annoncer une hausse des droits de scolarité pour rejoindre la moyenne canadienne. Plutôt que broyer du noir et accentuer le climat de morosité engendré par la récession, le gouvernement Charest devrait proposer une vision beaucoup plus porteuse où l’éducation et sa démocratisation figurent comme la grande priorité d’avenir”, de conclure la présidente de la CSN.
La Confédération des syndicats nationaux est composée de 2100 syndicats qui regroupent plus de 300 000 membres.