(Sherbrooke) En page éditoriale samedi dernier, Jean-Guy Dubuc ridiculise les représentants étudiants qui s’opposent au projet de loi 38 sur la gouvernance des universités. M. Dubuc laisse entendre que les étudiants occupent un nombre important de sièges des conseils d’administration des universités.
À l’Université de Sherbrooke, c’est à peine 10% et à l’en croire, c’est déjà trop. M. Dubuc affirme par ailleurs que les personnes compétentes pour administrer adéquatement l’université se trouvent à l’extérieur de l’institution, ce qui est méprisant.
M. Dubuc reprend sans nuance le discours de divers groupes d’intérêts qui veulent s’approprier l’université et l’asservir mais il oublie que l’université n’est pas une entreprise commerciale qui doit enrichir à court terme ses actionnaires. L’université se consacre à l’acquisition et au progrès des connaissances dans un cadre qui permet la libre recherche scientifique et la libre circulation des idées. La mission de l’université s’inscrit dans le long terme. L’université québécoise est une institution publique au service de l’ensemble de la société. À ce titre, elle bénéficie du soutien de l’ensemble des contribuables.
Les universités doivent rendre des comptes et doivent administrer les fonds qui leur sont confiés avec rigueur et transparence. Personne ne le conteste. Ceci dit, la mission de l’université est complexe.
Gestion participative
Elle appelle un modèle de gestion participative et non hiérarchique où les porteurs de la mission ont un rôle décisif dans la gouverne de leur institution. L’autonomie et la collégialité sont des valeurs essentielles dans la gestion des universités. Quoiqu’en pense M. Dubuc, les questions académiques sont certainement affectées par les décisions du conseil d’administration, que ce soit dans le choix des dirigeants ou dans l’attribution des ressources. Considérer que les questions académiques ne dépendent aucunement des choix budgétaires démontre une méconnaissance totale du milieu universitaire.
Comme le souligne M. Dubuc, les universités éprouvent de sérieuses difficultés en raison d’un problème récurrent de sous-financement. Le projet de loi sur la gouvernance n’y apporte aucune solution. Il fait plutôt diversion.
On s’inquiète du devenir des universités? On met en doute leur capacité à se gouverner et à s’adapter aux besoins de la société? Fort bien.
Qu’on en discute, sérieusement et ouvertement, sans réduire le débat à un simple calcul de sièges aux conseils d’administration.
En ce sens, le SPPUS demande que se tiennent des États généraux de l’université pour un débat inclusif, ouvert et démocratique.
Robert Tétrault
1er vice-président du Syndicat des professeures et professeurs
Université de Sherbrooke
Consultez l’article intégral du 27 août 2009 publié sur Cyberpresse.