L’Université de Montréal a doublé le montant de la « cotisation automatique non obligatoire » facturée aux étudiants pour les « frais technologiques et de soutien ». Depuis cet été, elle est passée de 60$ à 120$ par trimestre à temps plein. Fait plus grave, il est désormais impossible de se désister par l’internet, ce que l’ombudsman considère comme « une entrave sérieuse » à la liberté de choix des étudiants de souscrire ou non à la cotisation, a appris La Presse.
Pour ne pas payer les 120$ facturés automatiquement, les étudiants doivent se rendre à un bureau, en personne, alors qu’auparavant cela se faisait par l’internet. Même les procurations sont interdites. « Qu’arrivera-t-il à l’automne, quand il y aura 33 000 étudiants sur le campus? » a demandé hier Nicolas Descroix, secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM). De longues files d’attente sont à prévoir, selon lui.
Alexandre Chabot, vice-recteur adjoint à la vie étudiante de l’UdeM, a confirmé que le désistement par l’internet n’était plus possible. « On a adopté une approche similaire aux autres établissements », a-t-il fait valoir.
Pas pour limiter les pertes financières, assure l’UdeM
Cette décision n’a pas été prise pour empêcher un trop grand nombre d’étudiants de ne pas payer, d’après M. Chabot. « Selon les derniers chiffres de cet été, le taux de désistement est similaire à l’an dernier », a-t-il assuré.
Il reste que ce changement brime le droit de ne pas payer des étudiants incapables « de se déplacer aux heures prévues pour le désistement en personne », parce qu’ils travaillent, sont handicapés ou en stage à l’étranger, a souligné Pascale Descary, ombudsman de l’UdeM, dans une lettre datée du 14 mai. Elle a recommandé le rétablissement du désistement via l’internet, sans succès jusqu’à maintenant.
Pour contourner le plafond des droits de scolarité
« L’Université est en train de rire dans la face de la ministre de l’Éducation, qui a essayé d’encadrer l’explosion des frais sur les campus, a dit M. Descroix. Il va falloir que Mme Courchesne réagisse et encadre ces frais non obligatoires. »
Au total, les étudiants québécois paient trois sortes de frais pour fréquenter l’université. Déjà, le ministère de l’Éducation réglemente la hausse des droits de scolarité, qui est de 100$ par an. Depuis 2008-2009, les « frais institutionnels obligatoires », qui couvrent divers services, sont aussi régis afin d’éviter les augmentations trop importantes. L’UdeM, par exemple, ne peut les augmenter que de 25$ en 2009-2010. Rien n’est toutefois prévu dans le cas des cotisations non obligatoires, vers lesquelles semblent se tourner les universités en mal de revenus.
À l’UdeM, la hausse des «frais technologiques et de soutien», qui passent de 4$ à 8$ par crédit, est justifiée, selon M. Chabot. Les 4$ supplémentaires servent à payer des frais technologiques (1$), à bonifier les collections des bibliothèques (1$) et à améliorer la vie étudiante sur le campus (2$).
Consultez l’article intégral de Marie Allard, de l’édition du 26 juin 2009 de Cyberpresse.