(Québec) Levée de boucliers à l’Université Laval. L’élection du recteur est sérieusement compromise par le projet de loi sur la gouvernance des universités, qui prévoit plutôt que ce soit le conseil d’administration qui ait le dernier mot.
Le projet de loi 38, rédigé dans la foulée du scandale financier de l’UQAM, prévoit que les conseils d’administration des universités québécoises doivent être composés aux deux tiers de membres externes, une mesure qui a suscité la grogne sur les campus. Mais d’autres modifications, notamment celles concernant la désignation du recteur, sont jusqu’ici passées plutôt inaperçues sur la place publique. Pourtant, à l’Université Laval, elles ont un impact majeur.
Le projet de loi prévoit que le conseil d’administration aura le dernier mot lorsque viendra le temps de désigner le recteur. Selon l’article 4.0.26 du projet de loi, le recteur est nommé par le conseil d’administration ou selon la procédure établie par les statuts et les règlements de l’Université, seulement «si le conseil d’administration estime que cette procédure permet l’égalité des chances des candidats de l’externe et de l’interne ainsi que l’examen des candidatures de façon indépendante et confidentielle».
Or, à l’Université Laval, le recteur est élu par un collège électoral composé des membres du conseil d’administration, mais aussi des représentants du conseil universitaire et de trois commissions. Au total, plus de 130 administrateurs, doyens, professeurs, chargés de cours et étudiants participent au processus. Les candidats font connaître leurs intentions publiquement et mènent une campagne électorale en bonne et due forme.
Mais le projet de loi 38 pourrait sonner la fin de cette tradition. Ce que dénonce haut et fort le Regroupement des associations et des syndicats de l’Université Laval (RASUL), qui représente 50 000 personnes sur le campus, dont les étudiants et les professeurs.
«On est vraiment en désaccord. C’est extrêmement important que chacun des groupes puisse s’exprimer afin d’élire le recteur. On s’était donné un modèle électoral démocratique, que l’on veut maintenant bafouer», déplore Nicole Blouin, une des porte-parole du RASUL, qui est aussi présidente du Syndicat des chargés de cours.
«Le danger, c’est que la nomination du recteur se fasse à huis clos, ajoute Puma Freytag, un autre représentant syndical des chargés de cours. Il faut savoir à qui on a affaire. Enlever ce lien entre le recteur et sa communauté, ça risque de donner un dirigeant complètement coupé de sa base, sur le modèle de l’entreprise privée. Ce serait un recul historique.»
De son côté, le recteur Denis Brière préfère ne pas commenter publiquement le projet de loi 38, s’en remettant à la position de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec dans ce dossier. La CREPUQ n’a pas encore fait connaître publiquement sa position officielle.
Les consultations sur les projets de loi 38 et 44, qui modifient la gouvernance des cégeps et des universités, ont débuté mardi en commission parlementaire.
Consultez l’article intégral de Daphnée Dion-Viens de l’édition du 4 septembre 2009 du Soleil publié sur Cyberpresse.