(Québec) Un remède de cheval pour un mal imaginaire. Voilà ce que représente pour la Fédération des cégeps le projet de loi 44 sur la gouvernance des collèges. En plus d’empêtrer les établissements dans une bureaucratie inutile, sa mise en oeuvre coûterait 15 millions $. Un «non-sens», selon son président, Gaëtan Boucher.
Les consultations sur les projets de loi 38 et 44, qui apportent d’importantes modifications à la gouvernance des collèges et des universités, s’amorceront la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. Décriés depuis longtemps dans le milieu universitaire, voilà maintenant que ces deux projets de loi suscitent une levée de boucliers dans les rangs des cégeps.
Le projet de loi 44 est un «copier-coller» du projet de loi sur la gouvernance des universités, remède concocté par le ministère de l’Éducation à la suite des scandales financiers de l’UQAM. Mais le réseau collégial, déjà ultra-réglementé, n’a pas besoin de telles mesures, a affirmé M. Boucher en entrevue éditoriale au Soleil. Avec 11 lois, 13 règlements, 95 annexes budgétaires et 56 procédures, «on est presque obligé de demander la permission au ministère pour acheter une toilette», illustre-t-il. Et voilà que Québec veut en rajouter.
«C’est de la démesure», laisse-t-il tomber, rappelant que les cégeps n’ont pas le droit de faire de déficits. Le projet de loi déposé en juin prévoit davantage de mécanismes de reddition de compte. Chaque collège, par exemple, doit se doter d’un vérificateur interne et se conformer à une série d’obligations liées à l’élaboration du plan stratégique. La composition des conseils d’administration est modifiée pour faire place à une plus grande participation des membres externes, nommés par la ministre de l’Éducation.
La mise en oeuvre de ces mesures additionnelles est évaluée à 15 millions $, une somme qui correspond à l’embauche de 200 professionnels dans le réseau collégial, selon la Fédération. Puisque la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial suit déjà de près ce qui se passe dans les cégeps, ce projet de loi représente «un dédoublement coûteux et inefficace», dénonce M. Boucher, en plus d’introduire «une lourdeur administrative et bureaucratique» dont les collèges n’ont pas besoin.
La Fédération des cégeps n’est pas la seule à réclamer des changements importants à ce projet de loi. Dans les rangs des étudiants et des syndicats, le mécontentement gronde aussi. La Fédération étudiante collégiale a notamment fait savoir, en juin, que le texte comportait plusieurs lacunes auxquelles les étudiants s’opposent.
Consultez l’article intégral de Daphnée Dion-Viens de l’édition du 28 août 2009 du Soleil publié sur Cyberpresse.