COMMUNIQUÉ – Quand l’UQAM joue le jeu de la vendetta envers celles qui dénoncent

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-Montréal, 1 octobre 2015 –  Le 24 mars 2015, un professeur du département de sociologie a déposé une plainte officielle au Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement de l’UQAM contre une étudiante qu’il suspecte d’avoir participé au Sticker gate. En effet, devant l’incompétence de l’UQAM à gérer les problèmes de harcèlement sur le campus, des étudiantes ont apposé des autocollants sur des portes de professeurs ciblés par des plaintes officielles, dont les dossiers n’avaient pas bougé. Sur ces collants étaient inscrits “Harcèlement, attouchement, voyeurisme, agressions. Tolérance zéro. Politique 16. Non à la culture du viol. Brisons le silence contre le harcèlement sexuel.”

Dans la plainte formulée par le professeur en question, on y comprend qu’il souhaite poursuivre cette étudiante pour diffamation pour avoir publié sur Facebook une photo des portes des portes des deux professeurs couvertes d’autocollants, dont le bureau du plaignant. Dans le document rendu au Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement, nous pouvons y lire :

« Si la possibilité de trouver l’auteur(e) du vandalisme n’est pas certaine, je considère que la seule publication sur Facebook des photos est en elle-même un acte diffamatoire (voir document en annexe). Il va de soit qu’elle vise à détruire ma réputation et que cela constitue du harcèlement psychologique. »

Comme argument, il amène aussi l’idée que l’attitude de l’étudiante envers lui a changé à travers le temps, elle serait devenue antipathique et lui parlerait sèchement. Il va de soi qu’à la lumière de la déposition du professeur en question, il est clair que les arguments en appui à la plainte ne sont pas convaincants et relèvent plutôt d’un conflit interpersonnel, s’il y a lieu.

Sa déposition a été retenue et la plainte formelle fait maintenant l’objet d’une enquête. À notre connaissance, trois étudiantes ont déjà été convoquées pour témoigner. Puisque le processus est toujours en cours, rien ne nous indique que les convocations sont terminées. En ces grands temps d’austérité budgétaire et de compressions minant l’enseignement universitaire, l’UQAM a cru bon de donner carte blanche à un bureau externe d’avocats pour faire enquête sur les féministes de l’UQAM et les femmes harcelées ou agressées qui auraient pu être solidaires de cette histoire. Il y a lieu de croire qu’il s’agit d’un exercice très malhabile d’intimidation et de profilage de la part de l’administration uqamienne.

Pour fin de rappel, les chiffres officiels de 2012-2013 nous apprennent qu’en une année, 112 dossiers ont été traités par le bureau d’enquête interne sur les questions de harcèlement sexuel et psychologique, le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement de l’UQAM. De ces chiffres, 56 dossiers sont issus de dénonciations, et sur ce nombre, 17 se transforment en plaintes officielles. Plus encore, c’est seulement 9 plaintes qui sont retenues par le Bureau d’intervention et de prévention en matière deharcèlement pour faire enquête et, sur ces 9, 2 plaintes sont reconnues comme étant fondées, donc reconnaissent le harcèlement qui a été vécu.

Devant ces chiffres, il est alors très difficile de voir qu’une plainte sans fondement portée par un professeur est prise aussi sérieusement quand il y a des failles importantes dans le système de plaintes, qui est la seule voie officielle pour les étudiantes souhaitant dénoncer.

 Au cours de la semaine dernière, le verdict d’une plainte formulée par une étudiante est tombé; après avoir reconnu qu’il y a bel et bien eu une situation de harcèlement, le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement a décidé de n’imposer aucune sanction au professeur en question. Voilà maintenant que s’ajoute l’insulte à l’injure, alors que l’affaire est bonifiée d’un élément nouveau.

Seulement quelques jours après la diffusion des autocollants dans les médias à l’automne 2014, l’UQAM s’est également empressée de faire une refonte complète de l’image de sa politique, nous donnant l’impression qu’elle prenait la question très au sérieux… Malgré la mise en place d’un comité institutionnel dédié à la modification de la politique 16, brandie sur toutes les tribunes par le vice-recteur, aucun changement n’a été adopté pour le moment. Nous sommes portées à croire que non seulement l’UQAM encourage la « culture du silence », mais elle ne fait rien pour créer un environnement sain et sécuritaire pour ses étudiantes et ses employées. Sans compter le fait que l’UQAM joue le jeu de la vendetta envers celles qui dénoncent.

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