Devrait-on inclure des clauses d’ancienneté dans la Convention collective du SÉtuE ?
Il n’y a pas de réponses faciles à cette question, au cœur de plusieurs enjeux : précarité, discriminations, accessibilité, choix discrétionnaires à l’embauche, etc. C’est d’ailleurs pourquoi il est vraiment important que les membres du SÉtuE viennent en débattre lors de la prochaine Assemblée générale des membres, qui se tiendra le jeudi 9 mai, à 12h30 (local à déterminer).
Qu’en est-il actuellement ?
Il n’y a aucune clause d’ancienneté, et l’ancienneté n’a jamais été une revendication du SÉtuE. Ce qui ne veut pas dire que les personnes qui corrigent ne bénéficient pas dans les faits d’une forme d’ancienneté et ne sont pas le plus souvent réembauchées ! Dans les faits, en raison du choix discrétionnaire qui est laissé aux professeur-es et chargé-es de cours dans l’embauche, il est clair que nos employeurs préfèrent avoir à faire avec les auxiliaires d’enseignement qu’illes connaissent, ont « formé » et « apprécient » ou désirent « aider » dans leurs études/curriculum vitae.
C’est après l’instauration du portail d’embauche en ligne et la (tant attendue) transparence dans les exigences d’embauche pour les auxiliaires d’enseignement, que plusieurs membres du SÉtuE ont commencé à nous contacter sur ce sujet. Notamment parce que certaines exigences contenaient des formules telles que « avoir déjà corrigé pour ce cours ». Formule qui était une manière d’introduire de l’ancienneté, en contournant la convention collective du SÉtuE. Mais aussi parce que beaucoup ont commencé à craindre que la décision finale d’embauche ne reviennent plus à nos superviseur-es : or, sauf exceptions (comme à l’École des langues), c’est toujours le cas, ce sont toujours les profs et chargé-es de cours qui décident quels auxiliaires illes embauchent.
Il y a une autre raison, plus indirecte, qui fait que des membres ont contacté l’exécutif : le fait que les ressources humaines ont commencé à interpréter la clause de « priorité aux cycles supérieurs » comme une clause d’exclusivité, ce que nous contestons ! Voir : http://www.setue.org/node/1362 Conséquemment, des auxiliaires du premier cycle, qui corrigeait depuis plusieurs sessions, se sont vu-es refuser le même contrat la session suivante.
L’ancienneté permet-elle de lutter contre la précarité ?
Petit rappel sur la précarité : c’est ne jamais se faire réembaucher parce qu’on s’est battu pour ses droits (comme ne pas se faire payer moins que ce qu’on a travaillé); c’est être toujours dans l’angoisse d’un suspens de renouvellement de contrats; c’est de jongler avec tout plein de petits contrats de 20 à 100 heures par session, qui se résument à 120 heures de travail la semaine de lecture, ou la semaine qui suit la fin de session (genre ça : PhD Comics), c’est ne pas embaucher des personnes de 3e cycle parce qu’elles coûtent plus cher que celles du 2e.
Est-ce que d’introduire une clause qui assurerait la « priorité aux personnes ayant déjà corrigé pour ce cours » permettrait de lutter contre ça ? En partie, mais à quel prix ?
En partie :
Dans les cas où les auxiliaires n’ont jamais « eu de problèmes » avec leurs superviseur-es, c’est-à-dire n’ont jamais eu à se battre pour leurs droits, une clause d’ancienneté ne changerait pas grand-chose.
Dans les cas où une personne ne se fait pas réembaucher pour cause de syndicalisme ou de passage à un autre cycle de paye, ou je ne sais quoi, une clause d’ancienneté permettrait effectivement de combattre la non-réembauche. Tandis qu’aujourd’hui, il est très difficile de le prouver ! Une clause d’ancienneté permettrait donc de lutter efficacement contre ces formes de discrimination !
Mais à quel prix ?
Dans les cas où une personne étudiante n’a encore jamais eu de contrats, cette précarité serait au contraire renforcée. Obtenir un premier contrat à l’UQAM deviendrait très difficile.
C’est justement parce que les types de travail qui sont syndiqués au SÉtuE sont ouverts à un énorme bassin de personnes, potentiellement tou-te-s les étudiant-es de l’UQAM, que la question de l’ancienneté est tout sauf évidente !
Une clause d’ancienneté pourrait se concrétiser en discrimination à l’égard des étudiant-es qui ne viennent pas de l’UQAM, et tout particulièrement pour les étudiant-es étrangers qui, rappelons-le, n’ont souvent pas le droit de travailler hors campus!
Une clause d’ancienneté viendrait renforcer l’opposition entre une classe d’étudiant-es qui cumulent les bons postes, les bourses, la reconnaissance universitaire, et une classe d’étudiant-es qui n’a droit qu’aux miettes des autres !
Qu’en pensez-vous ?
Écrivez-nous et venez en parler à la prochaine AG !
Par Caroline Jacquet